NEWSLETTER • 26 NOVEMBRE 2022

ÉDITORIAL • 26 NOVEMBRE 2022

Le coup d’envoi de la 22ème édition de la Coupe du monde a été donné dimanche dernier au Qatar, une première pour un pays arabo-musulman. Une fois n’est pas coutume, et pour éviter les fortes chaleurs du pays hôte, ce n’est donc pas en été mais en fin d’automne que les 32 meilleures équipes mondiales vont disputer leurs matchs cette année. Bien que le football soit l’un des sports les plus populaires pour ne pas dire le sport le plus populaire et le plus médiatisé au monde, les nombreuses controverses suscitées par la désignation de l’émirat comme pays organisateur, il y a douze ans déjà, ont pris le pas, ces derniers mois, sur l’intérêt de la compétition en tant que telle. Des soupçons de corruption à l’impact écologique, des droits humains des travailleurs migrants qui ont construit les stades aux discriminations à l’encontre des femmes et des personnes issues de la communauté LGBTQI+, les polémiques fusent et provoquent des appels au boycott du visionnage du tournoi même chez les supporters les plus passionnés. Immortalisée par Hank Willis Thomas, la jambe de frappe qui accompagne le ballon rappelle toutefois de manière subliminale que si le foot est un sport spectacle qui n’est pas à l’abri des dérives, c’est aussi un sport qui permet aux joueurs de se dépasser. 

En début de semaine, dans le cadre de la mission Artemis 1, la capsule Orion de la NASA est passée à 130 km de la face cachée de la Lune et a ainsi effectué son plus proche survol lunaire, une première pour un appareil sans équipage mais potentiellement habitable. Si l’œuvre de David Shrigley évoque l’éclat du satellite de la Terre dans la nuit sidérale, elle fait aussi immanquablement penser aux microsillons d’un disque vinyle qui tourne sur une platine.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 19 NOVEMBRE 2022

ÉDITORIAL • 19 NOVEMBRE 2022

À l’aune des actions menées depuis cet été par des militants écologistes, l'envie nous prend de paraphraser le slogan d’un célèbre magazine hebdomadaire français: “le poids du message, le choc des images”… Massivement relayées par les médias et sur les réseaux sociaux, leurs “performances”, qui consistent à projeter des substances liquides sur des toiles de maître exposées dans différents musées, suscitent la surprise, la sidération voire la réprobation et l’indignation. Bien que l’objectif de leurs protestations ne soit pas d’endommager les œuvres (qu’ils savent protégées de vitres) mais de dénoncer l'inertie des gouvernements en matière d'environnement et d’alerter l’opinion sur le réchauffement climatique, on est en droit de se demander si de tels actes de vandalisme sur le patrimoine artistique et muséal revêtent vraiment une dimension de revendication politique ou sociale. La “tache” noire qui semble “dévorer” le tableau de Pat Steir fait immanquablement penser aux images du tableau Mort et Vie de Gustav Klimt, l'une des dernières cibles en date à avoir été aspergée par des militants écologistes.

“Il n'y a pas d'avenir, il n'y a pas d'avenir…” La solastalgie ou “eco-anxieté” affecte un nombre croissant d’individus tant dans l’hémisphère Nord que dans l’hémisphère Sud et les jeunes sont, d’après les sondages, bien plus inquiets que leurs aînés. L’urgence climatique angoisse et l’inaction politique et économique désespère… Si le personnage recroquevillé de Daniel Arsham donne le sentiment d’être à la fois abattu, triste et anxieux, on se plaît à croire qu’un élément déclencheur lui permettra de se remettre en mouvement et de se réapproprier son destin.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 12 NOVEMBRE 2022

ÉDITORIAL • 12 NOVEMBRE 2022

Depuis la toute première édition de la “Conférence des parties” (COP) à Berlin en 1995, c’est chaque année que dirigeants et acteurs non gouvernementaux du monde entier se mettent en ordre de marche pour trouver des solutions concrètes pour maîtriser le changement climatique. Cette année, c’est à Sharm-El-Sheikh en Egypte, sur le continent africain, sur le continent le plus touché et le moins émetteur de gaz à effet de serre, que le grand raout international de la COP27 a pris ses quartiers. Pendant deux semaines, plus de 30 000 personnes, décideurs et autres, se retrouvent au chevet de la planète pour tenter de s’accorder sur la marche à suivre. La ritournelle est d’ores et déjà familière: non seulement la planète va mal mais, en sus, les pronostics sont alarmants. Si la masse glacière est l’un des marqueurs qui permet de prendre le pouls du dérèglement climatique, le constat est sans appel: les glaciers fondent à une vitesse grand V et risquent, “quel que soit le scénario climatique”, de disparaître d'ici 2050. Les coups de pinceau amples et fluides de Howard Hodgkin évoquent mouvement et liquéfaction et laissent planer le spectre de l’élévation du niveau de la mer.

Réfugiés? Exilés? Migrants? Mais qui sont donc ces hommes, ces femmes et ces enfants qui dérivent sur des embarcations de fortune au large des côtes européennes et se voient refuser l’entrée sur le continent? Ils n’ont souvent pas choisi de quitter leur pays mais y ont été contraints et forcés pour échapper à la famine, pour fuir les zones de guerre et de conflits, les persécutions, les changements climatiques…. Le radeau échoué en pleine mer d’Adel Abdessemed illustre la précarité du “voyage des damnés” qui frappent à nos portes.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 5 NOVEMBRE 2022

ÉDITORIAL • 5 NOVEMBRE 2022

Quel est le sens d’une oeuvre d’art? D’habitude, la question se pose plutôt au sens figuré qu’au sens propre. Tout est toujours une question d’interprétation et de perspective et l’art ne déroge pas à la règle. Inspiré des gratte-ciels et réalisé en 1941 par le peintre hollandais Piet Mondrian, le tableau intitulé New York City I est accroché "tête en bas" depuis plus de 70 ans... La nouvelle défraie ces derniers jours la chronique tant la révélation, faite à l’aune d’une grande rétrospective de l’œuvre du pionnier de l’abstraction, est insolite. Bien que la vérité soit désormais rétablie, l’œuvre au quadrillage minimaliste, qui sert pourtant de point d’orgue à l’exposition, ne sera pas basculée à 180 degrés afin d’éviter la dégradation des rubans adhésifs colorés qui la composent et qui ne tiennent, aux dires de la commissaire, "qu’à un fil". Point de confusion sur l’orientation du tableau de Georg Baselitz. La question de déterminer le haut du bas ne se posera a priori jamais dans la mesure où peindre à l’envers est sa marque de fabrique.

Les pays de l’Union européenne sont passés à l’heure d’hiver dimanche dernier. On a tous gagné une petite heure de sommeil. Outre-Atlantique, c’est ce week-end que l’aiguille des montres reculera et que les chiffres des écrans se mettront à jour. Certes, ici comme ailleurs, notre quotidien s’est assombri, les journées se sont raccourcies, les températures se sont rafraîchies. Adieu salades d’été et bonjour soupes et potages. L’automne s’installe lentement mais sûrement et les feuilles des arbres tapissent le sol, à l’instar de celles d’Andy Goldsworthy, de jaune, de rouge et d’orange.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • "6 YEARS!" • 29 OCTOBRE 2022

ÉDITORIAL • 29 OCTOBRE 2022

Les années passent, les souvenirs et les écrits restent… Ce samedi, c’est une bougie supplémentaire que je vous invite à m’aider à souffler… 6 ans! 6 ans déjà que Zigzags me permet d’attiser ma curiosité et la vôtre. 6 ans déjà que j’élargis mes horizons artistiques et, je me plais à croire, les vôtres. 6 ans de découvertes et de re-découvertes. 6 ans que votre fidélité et vos retours alimentent ma soif de partage.

Ma feuille de route reste inchangée: tisser une toile de liens entre l’art contemporain et notre quotidien. Si, pour citer Marcel Proust, "le seul, le vrai, l’unique voyage c’est de changer de regard", j’ose espérer que Zigzags vous octroie chaque semaine quelques moments d’évasion. Ensemble nous avons déjà parcouru des "kilomètr’arts"! Je souhaite de tout cœur que la lecture de mes billets vous apporte autant de plaisir que m’en procure leur écriture.

Cette semaine, pas de chroniques mais, une fois n'est pas coutume, un de mes dessins pour vous exprimer ma gratitude.

Rendez-vous la semaine prochaine et, d’ici là, restez, encore et toujours, curieux!

Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 22 OCTOBRE 2022

ÉDITORIAL • 22 OCTOBRE 2022

Chaque jour, par monts, par vaux et par chemins, nous sommes amenés à croiser une multitude de gens. Nos rencontres et nos interactions, fortuites ou pas, nous permettent de tisser un maillage de relations sociales qui contribue à enrichir notre quotidien. Dans les années 70, le sociologue américain Mark Granovetter a mis en évidence la différence entre les liens dits forts et les liens faibles. Si les “liens forts” sont ceux qui nous relient aux personnes de notre sphère familiale, amicale ou professionnelle, les “liens faibles" sont ceux qui nous relient à des inconnus ou à des personnes que l’on connait à peine. Les individus qui gravitent à la marge ont, selon lui, autant d’importance pour notre équilibre et notre bien-être que les personnes de notre cercle rapproché. Des liens ténus, ponctuels, des liens à priori anodins mais qui nous rattachent au monde qui nous est commun. Les deux femmes dépeintes par Margaret Kilgallen se font face et semblent échanger quelques paroles. Elles nous rappellent, de façon subliminale, que sourire à son voisin, ça ne mange pas de pain, mais cela peut rapporter gros.

Pendant la crise sanitaire du Covid-19, d’aucuns d’entre nous ont adopté un animal de compagnie. Avec un fidèle compagnon à leurs côtés, adieu stress, isolement et solitude. Mais tout cela c’était hier et, aujourd’hui, la crise énergétique et la baisse du pouvoir d’achat étranglent le budget des ménages et rendent le coût d’entretien d’un animal prohibitif. Certains n’ont plus les moyens de le nourrir ni de le soigner et sont, à leur grand dam, contraints et forcés, de s’en séparer… La silhouette canine esquissée par Ed Ruscha semble sur le point de disparaître et fait écho au chagrin causé par la perte de l’ami d’une vie.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 15 OCTOBRE 2022

ÉDITORIAL • 15 OCTOBRE 2022

Pas un jour sans que l’on ne parle de changement climatique, de protection de l’environnement et d’adoption de modes de consommation plus responsables. La demande croissante en fibres végétales s’inscrit parfaitement dans l'air du temps et a permis de promouvoir la fibre de jute comme un textile d’avenir dont la production est, contrairement à celle du coton, peu demandeuse en eau, en engrais et en pesticides. Hier délaissée au profit de matières synthétiques moins onéreuses à produire, la fibre de jute est désormais plébiscitée pour ses qualités biodégradables. Avec l’interdiction du plastique à usage unique, les sacs de jute réutilisables se multiplient dans les grandes surfaces. La fibre se réinvente et prolifère tant dans les magasins de mode que de décoration. En Inde, premier producteur mondial, c’est tout un secteur d’activité qui renaît. Comme quoi, éco-responsabilité peut parfois rimer avec relance économique. L’installation d’Ibrahim Mahama nous rappelle que, si de nouvelles utilisations voient le jour, le jute, était à l’origine principalement utilisé pour l’emballage et le transport de matières premières et de denrées. Les sacs de jute matérialisent de ce fait une histoire du commerce mondial et sont "des peaux avec des scarifications qui trahissent leur héritage sociopolitique et économique."

L’été indien s’éloigne à grands pas et les feuilles mortes qui jonchent nos rues et nos trottoirs sont annonciatrices des premiers frimas de l’automne. Les matinées et les soirées sont plus fraîches et l’envie nous prend d'allumer nos radiateurs dans notre home sweet home… Cette année pourtant, dans un contexte de hausse sans précédent des prix de l’énergie, il va falloir veiller à ne pas trop faire chauffer nos factures. Bien que la résistance du radiateur électrique “grille-pain” dépeint par Luc Tuymans irradie une chaleur bienveillante, ledit radiateur est énergivore et date d’une époque où les préoccupations énergétiques et écologiques n’étaient pas au cœur de l’attention.


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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 8 OCTOBRE 2022

ÉDITORIAL • 8 OCTOBRE 2022

Qui dit grand raout, sportif, festivalier ou autre, dit forcément parrainage et, cette année, c’est le géant américain Coca-Cola qui rafle la mise. Hasard du calendrier, en novembre, la célèbre firme d’Atlanta sera non seulement le partenaire officiel de la Coupe du monde de football au Quatar mais aussi le sponsor de la Cop 27, la conférence des Nations-Unies sur le climat en Egypte. Si l’Egypte s’est félicitée d’avoir reçu le soutien du plus grand producteur mondial de boissons non alcoolisées, la nouvelle a aussi suscité de vives critiques. En effet, bien qu’il revendique à cor et à cri son engagement en faveur de la protection de l’environnement et contre la pollution des océans, le groupe n’en demeure pas moins le plus gros pollueur plastique au monde et les organisations environnementales l’accusent d’écoblanchiment. La légendaire bouteille "Contour" en verre photographiée par William Eggleston rappelle qu’il est des contenants plus écologiques que le plastique recyclable et ce d’autant plus que recyclable est encore loin de rimer avec recyclé.

La mode dite à petit prix a profondément modifié notre façon de consommer. Chaque année, plus de 100 milliards de vêtements sont vendus dans le monde. L’offre dépasse de loin la demande et le circuit est engorgé. Les déchets textiles s'amoncellent de manière exponentielle. Des tonnes de vêtements usagés en provenance d’Europe, des États-Unis et de Chine finissent, en fin de vie, dans des décharges sauvages et polluent les nappes phréatiques et les océans, sans parler du désert d’Atacama au Chili et des plages du Ghana. En contemplant l’installation de Michelangelo Pistoletto, on ne peut s’empêcher de penser que se débarrasser des vêtements dont on n’a plus envie c’est bien mais n’acheter que les vêtements dont on a besoin c’est encore mieux.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 1 OCTOBRE 2022

ÉDITORIAL • 1 OCTOBRE 2022

La lecture permet de vivre mille et une vies. Quand on lit, on chemine, d’une page à l’autre, d’un chapitre à l’autre, d’un livre à l’autre. On voyage, on se confronte à d’autres expériences de vie que la sienne, on élargit son regard, on imagine, on apprend, on questionne, on réfléchit… Bref, on se construit. Pourtant, en 2021 aux Etats-Unis, l’association des bibliothèques américaines (American Library Association) a recensé plus de 1500 demandes de mise au ban de livres des rayons de bibliothèques publiques et scolaires... Un record. Les livres traitant de thèmes allant du racisme à l’identité sexuelle ou de genre sont les cibles de prédilection des groupes de parents et des législatures de certains états. Les 100 000 exemplaires d’ouvrages censurés qui composent l’installation de Marta Minujín semblent flotter autour de l’échafaudage et nous rappellent que si les livres sont des "briques" de savoir, l’accès à la littérature reste l’un des "ciments" de la démocratie.

Tous les quatre ans, une étude scientifique (State of the World’s Birds) dresse un état des lieux de la condition de la planète bleue au prisme des oiseaux. “Citoyens” du monde, sensibles aux altérations des écosystèmes, les volatiles sont, d’après les ornithologues, des “indicateurs écologiques” par excellence. Les conclusions du rapport sont sans appel. Dans le monde, l’avifaune bat de l’aile et une espèce d’oiseau sur huit est aujourd’hui en voie d’extinction. Le hibou sculpté par Thomas Houseago nous observe. On se plait à croire que, dans la forêt lointaine, il entendra encore longtemps le coucou qui, du haut de son grand chêne, lui répondra: “Coucou, hibou!” Pour citer la philosophe Vinciane Despret, “les oiseaux chantent leur présence au monde, ils ont des choses à nous apprendre”. Libre à nous de les écouter et de mettre tout en oeuvre pour qu’ils puissent continuer à chanter.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 24 SEPTEMBRE 2022

ÉDITORIAL • 24 SEPTEMBRE 2022

Les images et les récits qui irriguent le paysage culturel et médiatique façonnent notre rapport au monde. Les messages subliminaux véhiculés informent le regard que l’on porte sur nous-même et sur autrui. Être représenté, sous-représenté ou mal représenté (sous la forme de stéréotypes) influe par voie de conséquence sur l’estime de soi et sur la perception de l’autre. Que ce soit sur les petits ou sur les grands écrans, les représentations comptent et contribuent, dès le plus jeune âge, à notre construction identitaire. N’en déplaise à certains esprits chagrins, les récits inclusifs qui donnent leur place à tous les acteurs de notre société, quelque soit la couleur de leur peau, leur origine sociale, leur genre, leur orientation sexuelle ou leur handicap, permettent d’élargir les imaginaires, de renforcer la cohésion sociale et d’étendre la perception du champ des possibles. La femme dépeinte par Tschabalala Self est, comme le suggère le titre du tableau, une princesse. En y regardant de plus près, on s’aperçoit que les motifs qui ornent sa robe sont des personnages de Walt Disney dont l’artiste a accentué la couleur de peau. Ce faisant, elle montre non seulement que l’idéal de beauté est multiple mais aussi que tout le monde peut être un héro ou, en l’occurrence, une héroïne.

Si l’art nous donne à voir le monde autrement, le regard que l’on porte sur une oeuvre n’est pas immuable. La vidéo du drapeau planté sur l’île de la Martinique par Edith Dekyndt en 2014 commémorait, à l’origine, l’héritage d'Edouard Glissant et la mémoire de l’esclavage. Relayé depuis plusieurs jours sur la toile, l’arrêt sur image des cheveux qui, accrochés au mât flottent dans le vent, évoque aujourd’hui le désir des femmes iraniennes de s’affranchir, en brûlant leurs hijabs et en se coupant les cheveux, du contrôle et de la violence de la police des mœurs.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 17 SEPTEMBRE 2022

ÉDITORIAL • 17 SEPTEMBRE 2022

Le fond de l’air se rafraîchit, “l’ombre grandit, l’azur décroît" et l’automne pointe déjà lentement mais sûrement le bout de son nez… Après avoir eu trop chaud cet été, aurons-nous trop froid cet hiver? S’il est bien une question qui taraude les esprits, c’est celle de comment faire face à la flambée des prix de l’énergie. En cette rentrée, la “fin de l’abondance et la fin de l’insouciance” riment obligatoirement avec sobriété et rigueur. Pays, villes, communes et municipalités européennes rivalisent d’initiatives pour réduire la facture énergétique et mitiger les risques de l’inflation galopante… Réduction de l’intensité de l’éclairage public des rues, extinction à la nuit tombée des panneaux publicitaires… À Paris, l’idée de plonger la Dame de fer dans le noir avant minuit est même avancée, tout un symbole dans la Ville dite Lumière. Rehaussée à l’aide d’une ampoule que l’on imagine sur le point de clignoter, la tête à l’envers de la poupée d’Evan Holloway nous enjoint elle aussi à la “chasse au gaspi”.

Si l’on en croit le proverbe, la persévérance gagne le succès. À ce titre, en prélevant des échantillons de roches qui contiendraient de potentielles biosignatures, le rover spatial éponyme vient de franchir, selon la NASA, une étape majeure dans sa quête d’éventuelles traces de vie primitive sur la planète rouge. Une fois rapatriés sur Terre, lesdits échantillons devront être scrupuleusement analysés pour confirmer l’hypothèse mais cette découverte permettra peut-être de répondre à l’interrogation chantée en son temps par David Bowie: “Y a-t-il de la vie sur Mars?” Tracé à l’aérographe, le dessin de Lucien Roux nous place au plus près du sol martien et laisse espérer que, d’ici quelques années, les scientifiques réussiront à élucider les nombreuses questions qui restent à ce jour encore en suspens.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 10 SEPTEMBRE 2022

ÉDITORIAL • 10 SEPTEMBRE 2022

Férus d’aventure spatiale, spectateurs et badauds devront se résoudre à prendre leur mal en patience dans l’attente de l’annonce de la prochaine fenêtre de tir. Après un premier essai raté, un nouvel incident technique a renvoyé aux calendes grecques le baptême de l’air de la mega-fusée orange et blanche SLS (Space Launch System) et du vaisseau spatial Orion. Si le programme Artemis (baptisé ainsi en écho à la sœur jumelle du dieu grec Apollon) a pour objectif premier de prendre le relais de la dernière mission Apollo et d’être annonciateur du retour des américains sur la Lune, il devrait surtout, dans un avenir plus ou moins proche, servir de tremplin à l’odyssée martienne. L’immense nuage de flammes qui entoure la fusée de Michael Kagan ravive le souvenir du démarrage du compte à rebours et de la magie du décollage.

Le décès de la reine Élizabeth II (1926-2022) scelle la fin d’une époque, la fin d’une certaine conception de la royauté et tourne définitivement une page de l’histoire du Royaume-Uni. Monarque de quinze nations et cheffe du Commonwealth, Elizabeth II a régné pendant sept décennies. 80% des britanniques n’ont connu la monarchie qu’à travers celle qui, par sa longévité exceptionnelle, a traversé les grands événements qui ont façonné le XXème siècle. Figure de stabilité et de continuité dans un monde en constante mutation, elle a été le témoin de la fin de la guerre froide, de la décolonisation, de la disparition de l’Empire britannique et de son évolution vers le Commonwealth, de la conquête spatiale, de l’évolution des mœurs, de l’explosion du numérique, de l’adhésion de la Grande-Bretagne à l’Union européenne et du Brexit, de la pandémie de Covid-19… "Ne jamais se plaindre, ne jamais s’expliquer", telle était la devise qui lui a servi de boussole pendant les 70 ans qu’elle a navigué sur le trône. Que l’on soit favorable ou non à la monarchie, on ne peut s’empêcher de penser, en découvrant le portrait d’Elizabeth II adolescente qu’offre à notre regard Elizabeth Peyton, que c’est bel et bien une icône qui nous a quitté.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 3 SEPTEMBRE 2022

ÉDITORIAL • 3 SEPTEMBRE 2022

Les pluies de mousson sont nécessaires à l’irrigation des récoltes et à la reconstitution des ressources en eau du sous-continent indien. S’il est indéniable qu’elles entraînent régulièrement leur lot de drames et de destruction, cette année est, au Pakistan, l’année de tous les records. Le pourquoi du comment de la situation s’explique en partie par la conjugaison de deux phénomènes liés au dérèglement climatique: des pluies torrentielles et dévastatrices sur des sols desséchés par la canicule et la fonte accélérée des glaciers. “Apocalypse now” est l’expression utilisée par un journaliste pakistanais pour décrire l’ampleur de la catastrophe qui frappe son pays. Depuis le mois de juin, le bilan, tant humain que matériel, des crues soudaines est sans précédent: plus de 1000 personnes ont d’ores et déjà perdu la vie, un pakistanais sur sept est affecté et un tiers du pays est submergé. Après des semaines d’atermoiements, la communauté internationale est enfin venue en aide au pays inondé. L’œuvre de Naiza Khan laisse deviner l’urgence de la situation et l’impact dévastateur de la crise climatique sur les populations les plus vulnérables.

Au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, ce sont plus de 20 millions de personnes qui risquent de mourir de faim. Une catastrophe humanitaire annoncée dans l’une des régions du monde les plus touchées par le réchauffement climatique. Bien que la sécheresse soit, dans cette partie du globe, la norme plutôt que l’exception, cela fait quatre décennies qu’elle n’a plus été aussi intense et prolongée. Le stress hydrique décime les cheptels, épuise les pâturages et contraint les populations qui dépendent majoritairement de l’élevage et de l’agriculture à se déplacer à la recherche de quoi se nourrir. Si dans nos contrées, l’eau est encore trop souvent perçue comme une ressource inépuisable, en évoquant un sol desséché, le tableau d’Alberto Burri suggère que la pénurie d’eau est une réalité effrayante qui risque de devenir à la longue monnaie courante.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 27 AOÛT 2022

ÉDITORIAL • 27 AOÛT 2022

Les dates commémoratives permettent d’inscrire dans la mémoire collective des évènements qui ont marqué et contribué à façonner le monde tel qu’on le connaît. “Les souvenirs sont nos forces. […] Quand la nuit essaie de revenir, il faut allumer les grandes dates, comme on allume des flambeaux” écrivait en son temps Victor Hugo. Instaurée sous l’égide de l’UNESCO en 1998, le 23 août commémore la “Journée Internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition” et honore la mémoire des hommes et des femmes qui, à Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti et République dominicaine), dans la nuit du 22 au 23 août 1791, se soulevèrent pour briser leurs chaînes et retrouver leur dignité. Menée par Toussaint Louverture, l’insurrection durera 13 ans et conduira à l’Indépendance d’Haïti le 1er janvier 1804. Il s’agit de la plus grande révolte victorieuse d’esclaves de l’Histoire. Le chien-loup qui dévore le navire négrier dans l’oeuvre de Marie-Denise Douyon fait référence à un passé tragique dont les séquelles continuent aujourd’hui encore à alimenter les injustices.

La sécheresse estivale a littéralement fait remonter à la surface le passé. Asséchés, les lits de fleuves, de lacs et de rivières ont, l’espace d’un été caniculaire et avant le retour tant espéré de la pluie, dévoilé leurs "secrets". Ruines d’une cité engloutie en Irak, pierres mégalithiques en Espagne, vestiges d’une ancienne construction romaine en Italie, statues bouddhistes en Chine, navires de guerre nazis chargés d'explosifs en Serbie, sans parler d’empreintes de pas de dinosaure datant d’il y a plus de 100 millions d’années aux États-Unis… En reproduisant les anneaux de croissance d’un tronc d’arbre et en y annotant des moments-clés, Mark Dion nous rappelle que les arbres, tout comme la nature et le paysage, sont les témoins du passé. Des témoins silencieux mais des témoins qui recèlent des traces d’un temps certes révolu mais toujours à même de nous parler.

Bel été à vous qui avez pris le large, bel été à vous pour qui l’ailleurs est ici! Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 20 AOÛT 2022

ÉDITORIAL • 20 AOÛT 2022

La pizza à l’ananas? C’est plié, ce sera sans eux… Implantée en Italie depuis 2015, une célèbre chaîne américaine a été contrainte de jeter l’éponge faute de clients. Les menus proposés n’ont pas eu le résultat escompté et les habitants de la péninsule ne se sont ni bousculés au portillon ni pourléchés les babines… En outre, la crise sanitaire et, par effet domino, la généralisation des services de livraisons à domicile, ont exacerbé la concurrence et contribué à la déroute de l’enseigne. Dès la levée des restrictions et la possibilité d’enfin pouvoir s’aventurer hors des murs de leurs logis, les italiens ont plébiscité les pizzerias locales et renoué avec les emblématiques Margherita, Napoli, Marinara et autres… La forme ronde de l’œuvre de Claude Viallat rappelle de façon subliminale celle d’une pizza cuite au feu de bois. L’envie nous prend presque de nous en couper nous aussi une part.

Rien de plus banal que de voir un fumeur jeter son mégot de cigarette sur un trottoir. Pourtant, pour reprendre le slogan, si fumer tue, jeter un mégot pollue. En effet, si le tabac nuit gravement à la santé humaine, il nuit aussi gravement à la santé de la planète. Contrairement aux idées reçues, les mégots ne sont pas biodégradables. Les mégots et plus précisément les composants toxiques et chimiques des filtres de cigarettes sont, avant même les pailles et les sacs en plastique, les premiers agents polluants des océans. Qu’on le veuille ou non, un mégot jeté au bord d'un trottoir, finira un jour ou l’autre sa route dans le caniveau avant de la poursuivre dans une rivière qui se déversera, à son tour, dans la mer et l’océan. Fumeur ou non, on ne peut s’empêcher de penser, en contemplant les cigarettes allumées qui figurent sur le tableau de Katherine Bernhardt, que le meilleur déchet est peut-être celui que l’on ne produit pas…

Bel été à vous qui avez pris le large, bel été à vous pour qui l’ailleurs est ici. Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 13 AOÛT 2022

ÉDITORIAL • 13 AOÛT 2022

L’été est la période de l’année où l’envie nous prend de nous mettre en pause. Si été rime avec vacances, vacances riment aussi, pour bon nombre d’entre nous, avec lecture. Lire reste encore et toujours un moment suspendu, une promesse d’évasion, une parenthèse enchantée qui nous permet non seulement de nous extraire de notre quotidien mais aussi de nous ouvrir à autrui et de découvrir d’autres mondes, réels ou imaginaires… Que ce soit confortablement installés au fond de notre canapé ou assis sur l’herbe, à la ville ou à la campagne, dans un jardin ou dans un parc, au bord d’une piscine ou d’une rivière, tous les lieux sont propices pour se plonger dans un livre même si la photographie de Martin Parr nous donne à croire que rien de mieux que de le faire allongé sur sa serviette de plage, face ou, en l’occurrence, dos à la mer.

Pas un jour sans que la sécheresse ne se rappelle à notre mauvais souvenir. Tout le continent européen brûle et s’assèche. Le spectre des feux de forêts plane par monts et par vaux et la chaleur et les pénuries d’eau impactent directement la biodiversité et les activités humaines. Les assecs des cours d’eau mettent en péril tant le transport fluvial des marchandises que la production d’eau potable. S’il suffit d’une goutte d’eau pour faire déborder un vase, le manque d’eau peut avoir des conséquences désastreuses. La goutte qui, telle une larme, lèche la toile de Kim Tschang-Yeul, met en exergue le risque de désertification et rappelle, pour citer le président du GIEC, que “le changement climatique fait peser une menace grave et grandissante sur notre bien-être et la santé de la planète”.

Bel été à vous qui avez pris le large, bel été à vous pour qui l’ailleurs est ici. Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 6 AOÛT 2022

ÉDITORIAL • 6 AOÛT 2022

Les vagues de chaleur sont de plus en plus précoces, de plus en plus intenses, de plus en plus fréquentes. Si le lien de cause à effet entre le réchauffement planétaire et la hausse des températures est établi, le facteur humidité n’est que rarement évoqué dans les bulletins météorologiques. Pourtant, les climatologues se penchent de plus en plus sur la température dite du "thermomètre mouillé" qui mesure le taux d’humidité dans l’air. Chaleur et taux d’humidité élevé ne font en effet pas bon ménage et mettent à mal les limites de la résistance humaine. Plus l'air est humide et plus la chaleur est perçue comme pénible pour la simple et bonne raison que, lorsque l’air ambiant est saturé d’humidité, la transpiration ne peut s’évaporer et refroidir le corps. La chaleur ressentie devient alors insupportable. Par les temps qui courent, l’envie nous prend d’imiter le groupe d’enfants photographié du ciel par Katrin Korfmann et de sauter nous aussi, tout à notre joie, pieds joints dans une piscine.

Vendredi dernier, dans le sud de la France, un violent orage a perturbé un concours de colombophilie. Les plus de 20 000 pigeons voyageurs lâchés au départ de Narbonne auraient dû regagner, sans encombre et en un temps record, leurs pénates du Nord de l’Europe et du plat pays. À ce jour, au grand dam de leurs éleveurs, nombre d’entre eux n’ont pas encore re-pointé le bout de leur bec. Voyage, voyage certes mais certaines des ailes qui au-dessus de Narbonne ont glissé sous le tapis du vent, semblent s’être égarées. Si le pigeon voyageur est programmé pour rejoindre son colombier et s’il possède bel et bien un sens inné de l’orientation, il perd tous ses repères quand gronde l’orage et quand s’abat la pluie. Bien que Romain Gary estime qu'"il est moins grave de perdre que de se perdre", les avis de recherche de Pilvi Takala nous rappellent que, pour les colombophiles, voir des pigeons voyageurs s’égarer est l’exception, une exception qui fait certes partie du jeu mais qui n'en demeure pas moins un drame…

Bel été à vous qui avez pris le large, bel été à vous pour qui l’ailleurs est ici. Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber


Copyright © 2022, Zoé Schreiber

NEWSLETTER • 30 JUILLET 2022

ÉDITORIAL • 30 JUILLET 2022

"Au clair de la lune, mon ami Pierrot…" Qui n’a pas déjà entendu cette chanson douce fredonnée au creux de l'oreille pour apaiser et doucement aider bébé à rejoindre les bras de Morphée et le pays des rêves… Ces paroles évoquent immédiatement l’univers de l’enfance et, à l’instar de celles d’autres chansons et comptines enfantines, contribuent à l’acquisition du langage et au développement de la parole. D’après une étude internationale, la façon toute particulière qu’adoptent les adultes pour s’adresser aux tout-petits, la façon de leur "parler bébé" à grand renfort de gazouillis et en modifiant le timbre de leur voix pour qu’elle devienne plus aigüe, est une pratique généralisée qui ne connaît pas de frontières. Le portrait de Chantal Joffe nous rappelle, pour citer Françoise Dolto, "qu’il est important de parler au bébé non pas parce qu’il comprend les mots, mais parce qu’il les vit."

Il y a peu de choses qui crient l’été comme la crème glacée… Quand grimpent les températures toutes les excuses sont bonnes pour se ruer dessus. Quand on veut se rafraîchir en quelques bouchées, cela reste un incontournable qui ravit petits et grands. Si la hausse du coût des matières premières nécessaires à sa fabrication (la crème, le sucre, les œufs, le lait, les fruits et autres) et celle de l’énergie (gaz et électricité) se répercuteront immanquablement sur son prix, on se plaît à croire, en salivant devant le cornet de Claes Oldenburg, que, même renversé, il en faudra plus pour détrôner le produit phare de l’été.

Bel été à vous qui avez pris le large, bel été à vous pour qui l’ailleurs est ici. Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

Copyright © 2022, Zoé Schreiber

NEWSLETTER • 23 JUILLET 2022

ÉDITORIAL • 23 JUILLET 2022

Favorisés par la chaleur et l’assèchement de la végétation, des incendies incontrôlables se multiplient un peu partout dans le monde. En ce début de saison estivale, le feu a déclaré sa flamme à l’Europe toute entière et a d’ores et déjà ravagé, en quelques jours à peine, des milliers d'hectares de forêt. Tous les voyants sont au rouge et les “mega-feux” sont non seulement virulents mais aussi étendus. Cet été risque bel et bien d’être un été à haut risque, un été de tous les dangers. La guerre du feu bat son plein et le réalisme du tableau de Jennifer Walton traduit à lui seul la force destructrice d’un brasier dévastateur.

Moins d’un mois après celle du mois de juin, une deuxième vague de chaleur extrême s’est abattue sur le Vieux continent cette semaine. Le mercure s’est affolé un peu partout et plusieurs records historiques de température ont été battus. Au fil des ans, nos repères climatiques deviennent obsolètes. Les canicules sont de plus en plus fréquentes et leur intensification constitue, d’après les scientifiques, un marqueur sans équivoque du réchauffement climatique. La photographie de Fan Ho évoque à la perfection le soleil implacable de ces derniers jours.

Le papillon monarque migrateur, une sous-espèce du papillon monarque, figure désormais sur la liste des espèces en voie de disparition. Bien qu’il ne soit pas couronné, l’emblématique insecte orange et noir n’en est pas moins l’un des papillons les plus reconnaissables au monde. Sa survie est menacée tant par les pesticides que par le changement climatiques et par l’exploitation illégale des forêts vers lesquelles il migre en hiver. Le motif des ailes du papillon de Joan Jonas rappelle en filigrane l’incroyable diversité du monde vivant.

Bel été à vous qui avez pris le large, bel été à vous pour qui l’ailleurs est ici. Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

Copyright © 2022, Zoé Schreiber

NEWSLETTER • 16 JUILLET 2022

ÉDITORIAL • 16 JUILLET 2022

Les congés annuels se profilent lentement mais sûrement à l’horizon. On se prend à rêver d’un hamac où se prélasser à l’instar des jeunes filles de Max Pechstein et on s’imagine fredonnant: “vacances j’oublie tout, plus rien à faire du tout…"

Lancé dans l’espace le jour de Noël, James Webb, le plus grand et le plus puissant des télescopes spatiaux jamais conçu, nous a donné à voir, en début de semaine, les premières images de l’univers profond et des galaxies formées peu après le Big Bang, il y a plus de 13 milliards d’années. Force nous est de constater que la machine à remonter le temps appartient de moins en moins au domaine de la science-fiction. Percer les secrets de l'origine et de l'évolution de l'univers entre de plus en plus dans le champ du possible. Si les clichés iconiques du télescope Hubble en avait laissé plus d’un pantois, la haute résolution et les couleurs de ceux du James Webb sont tout simplement époustouflantes. La nébuleuse d’Adrien Lucca met en exergue la fascination qu’exercent encore et toujours le cosmos et l’infiniment grand dans l’imaginaire collectif.

Comme de coutume en période estivale, chaleur et sécheresse riment souvent avec départ et propagation de feux de forêt. A la faveur de vents forts et de températures caniculaires d’une précocité inédite, le sud de l’Europe est en proie aux flammes. La photo de Gregory Halpern a le mérite de nous rappeler que les feux de forêt sont dangereux et qu’ils peuvent démarrer très vite et rapidement faire partir en fumée des milliers d’hectares de végétation.

Bel été à vous qui avez pris le large, bel été à vous pour qui l’ailleurs est ici. Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

Copyright © 2022, Zoé Schreiber