ÉDITORIAL • 1 OCTOBRE 2022
La lecture permet de vivre mille et une vies. Quand on lit, on chemine, d’une page à l’autre, d’un chapitre à l’autre, d’un livre à l’autre. On voyage, on se confronte à d’autres expériences de vie que la sienne, on élargit son regard, on imagine, on apprend, on questionne, on réfléchit… Bref, on se construit. Pourtant, en 2021 aux Etats-Unis, l’association des bibliothèques américaines (American Library Association) a recensé plus de 1500 demandes de mise au ban de livres des rayons de bibliothèques publiques et scolaires... Un record. Les livres traitant de thèmes allant du racisme à l’identité sexuelle ou de genre sont les cibles de prédilection des groupes de parents et des législatures de certains états. Les 100 000 exemplaires d’ouvrages censurés qui composent l’installation de Marta Minujín semblent flotter autour de l’échafaudage et nous rappellent que si les livres sont des "briques" de savoir, l’accès à la littérature reste l’un des "ciments" de la démocratie.
Tous les quatre ans, une étude scientifique (State of the World’s Birds) dresse un état des lieux de la condition de la planète bleue au prisme des oiseaux. “Citoyens” du monde, sensibles aux altérations des écosystèmes, les volatiles sont, d’après les ornithologues, des “indicateurs écologiques” par excellence. Les conclusions du rapport sont sans appel. Dans le monde, l’avifaune bat de l’aile et une espèce d’oiseau sur huit est aujourd’hui en voie d’extinction. Le hibou sculpté par Thomas Houseago nous observe. On se plait à croire que, dans la forêt lointaine, il entendra encore longtemps le coucou qui, du haut de son grand chêne, lui répondra: “Coucou, hibou!” Pour citer la philosophe Vinciane Despret, “les oiseaux chantent leur présence au monde, ils ont des choses à nous apprendre”. Libre à nous de les écouter et de mettre tout en oeuvre pour qu’ils puissent continuer à chanter.
Restez curieux et bonne lecture!
Zoé Schreiber