NEWSLETTER • 21 DECEMBER 2024

ÉDITORIAL • 21 DECEMBRE 2024

Vacances riment encore et toujours avec désir d’évasion et, pour arriver le plus rapidement à destination, quoi de plus séduisant que l’envol dans les airs. L’avion reste aujourd’hui encore le moyen de transport le plus plébiscité par les vacanciers en quête de dépaysement et les compagnies aériennes rivalisent d’ingéniosité pour proposer des offres toujours plus alléchantes. Bien que nul n’ignore que les trajets aériens soient extrêmement polluants et qu’ils fassent exploser l’empreinte carbone des individus à bord, prendre l’avion est non seulement plus rapide mais c’est aussi bien souvent moins cher. Quand les passagers s’envolent, ce sont les émissions de CO₂ qui décollent. Si la mise à l’arrêt du secteur pour cause de pandémie en 2020 avait cloué au sol les appareils et favorisé la decarbonation, les émissions de gaz à effet de serre sont bel et bien réparties à la hausse depuis. En plein essor, l’aviation, mode de transport auquel le tourisme fait de plus en plus appel, a le vent en poupe aux dépens de l’environnement… En évoquant les cartes de vol interactives qui permettent de suivre la trajectoire des avions en temps réel, la nuée de papillons immortalisée par Paul Villinski permet de mesurer l’ampleur d’un phénomène invisible à l’œil nu.

En cette fin d’année, la promesse de cadeaux au pied du sapin nourrit les rêves des petits comme des grands. Offrir et recevoir devient un art, une quête enchantée où chaque présent est une étoile à décrocher. Dans ce tourbillon de générosité, et face aux défis de l’inflation, les plateformes de vente en ligne, véritables cavernes d’Ali Baba des temps modernes, séduisent les chasseurs de trésors. Pourtant, derrière leurs vitrines virtuelles se cachent parfois de mauvaises surprises… Certains jouets, aux allures innocentes à l'instar des peluches dépeintes par Mariya Molchanova, peuvent se révéler non conformes voire dangereux pour la santé des enfants. On se doit dès lors, afin que la magie des fêtes reste intacte, de rester vigilant et de choisir avec soin.

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Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 14 DECEMBER 2024

ÉDITORIAL • 14 DECEMBRE 2024

À l’instar de l’épiderme qui enveloppe le corps humain, la qualité de la surface terrestre dépend de l’équilibre hydrique. Si la peau, privée d’hydratation, se craquèle et perd sa fonction protectrice, le sol, malmené par l’agriculture intensive, le surpâturage, la déforestation, la mauvaise gestion de l’eau et les changements climatiques, s’appauvrit et se dégrade. Contrairement aux périodes de sécheresse, la désertification met en péril la vitalité des écosystèmes de façon irrémédiable. Des sols jadis fertiles perdent leur couverture végétale et se transforment en étendues arides, incapables de retenir l’eau et de faire prospérer la vie… Désormais, à l’exception de l’Antarctique, 40% de la Terre est en état de dessiccation. D’après les scientifiques, une superficie de près d'un tiers de l'Inde est passée, au cours des trois dernières décennies, de conditions humides à arides, conditions au sein desquelles l'agriculture est difficile voire impossible. Cette situation menace les moyens de subsistance de millions de personnes, aggrave la pauvreté, accentue les migrations forcées et contribue à l’effondrement de la biodiversité… Comme le résume la lithographie de Vija Celmins, la planète bleue déshydratée change de visage et se drape de teintes poussiéreuses et de sols lézardés.

Aller à la rencontre de la nature, dans un parc ou en forêt, c’est bon pour le moral! Mais, par les temps qui courent, la grisaille et la pluie en refroidissent plus d’un… À ce titre, faire rentrer la verdure chez soi et s’entourer de plantes pour égayer son intérieur constitue une alternative tout aussi bénéfique pour la santé mentale. Le cocon dépeint par Jonas Wood donne envie de se blottir au pied des succulentes, des fougères et de la cheminée.  

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 7 DECEMBER 2024

ÉDITORIAL • 7 DECEMBRE 2024

Trois bassins forestiers (Amazonie, Congo et Bornéo-Mékong) répartis sur trois continents (Amérique Latine, Afrique et Asie) représentent à eux seuls 80% des forêts tropicales mondiales et aident à freiner les effets du réchauffement climatique. Surnommé le “poumon de l’Afrique”, le bassin du Congo est aujourd’hui le plus grand puits de carbone au monde dans la mesure où il capte désormais plus de CO2, l’un des principaux gaz à effet de serre, que les bassins de l’Amazonie et d’Asie du Sud-Est réunis. Véritable constellation de forêts tropicales, de savanes, de marécages et de rivières, cet écosystème niché au confluent de six pays sur les rives du fleuve éponyme, abrite en outre une biodiversité exceptionnelle. Objet d’étude pour les biologistes, les entomologistes et les climatologues, ce gigantesque reservoir intrigue autant qu’il fascine et n’a pas fini de livrer tous ses secrets… En effet, d’après un rapport du WWF (World Wildlife Fund), plus de 700 nouvelles espèces, animales et végétales, y ont été recensées au cours des 10 dernières années, des découvertes qui permettront de mettre en place des stratégies de conservation de la faune et de la flore. Le cœur sauvage de l’Afrique n’est pourtant pas à l’abri de la déforestation et le paysage incandescent dépeint par Tabitha Wa Tuku met en lumière le besoin urgent de conserver cet habitat vital. 

Qui dit mois de décembre dit palmarès des meilleurs livres, films, séries télévisées, albums et expositions de l’année écoulée. Si lesdits classements permettent de revenir sur les temps forts des douze derniers mois, la fin de l’année est aussi l’occasion de se projeter dans un nouveau calendrier. À ce titre, le célèbre nuancier Pantone a une fois de plus donné le ton... 2025 sera placée sous le signe du "Mocha mousse", une couleur chaleureuse et gourmande qui allie simplicité et réconfort et évoque café, caramel et crème de marrons… Plus que jamais en vogue, la palette de bruns déclinée par Josef Albers traduit l’air du temps.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 30 NOVEMBER 2024

ÉDITORIAL • 30 NOVEMBRE 2024

Chaque année, la conférence des parties (COP) rythme l’agenda des négociations relatives au climat. Ce grand raout international permet de prendre le pouls des changements climatiques et d’établir la feuille de route pour les douze mois à venir. Si l’empreinte carbone résultant du trafic routier et du trafic aérien est régulièrement pointée du doigt, l’impact environnemental d’autres moyens de transport est souvent passé sous silence. Secteur touristique florissant, les voyages croisière figurent pourtant parmi les pires pollueurs et ce en dépit des mesures écologiques affichées par les grands groupes. Véritables monstres des mers, les immenses paquebots sillonnent les océans d’une destination à l’autre du globe, avec des milliers de passagers à leur bord. En 2023, les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités de l’un des leaders du marché étaient supérieures à celles de Glasgow, la plus grande ville d’Écosse. Comme le suggère en filigrane la photographie d’Andreas Gursky, bien que les conséquences environnementales soient délétères, l’évasion vers le grand bleu et la promesse de voguer de découverte en découverte reste une proposition irresistible pour de nombreux vacanciers.

À l’instar d’une galerie de portraits, les fils d’actualité des différents réseaux sociaux sont peuplés de centaines de milliers d’images bien souvent retouchées. À grand renfort de filtres de beauté, les internautes, de plus en plus jeunes, modifient leur apparence et masquent leurs imperfections afin de se présenter en ligne sous leur meilleur profil. L’exposition répétée à ces contenus n’est toutefois pas sans risques pour l’estime de soi, tant et si bien que le réseau social favori des adolescents a décidé d’interdire les images filtrées aux utilisateurs de moins de 18 ans. Comme le laisse entendre le tableau d’Alejandra Caballero, appréhender le réel à travers un mirror déformant n’est ni sain ni bon pour la santé mentale.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 23 NOVEMBER 2024

ÉDITORIAL • 30 NOVEMBRE 2024

En plein essor, l’intelligence artificielle (IA) s’immisce à notre insu dans tous les secteurs d’activité. Les technologies qui permettent de générer du contenu à partir de données existantes bouleversent notre rapport au réel. Voraces, les algorithmes sont ainsi "entraînés" à imiter le ton et les intonations de la voix humaine. L’exploitation de la voix des acteurs et des comédiens ne fait à ce titre pas exception à la règle et bon nombre d’entre eux s’aperçoivent que leur voix a été “clonée” sans leur consentement préalable et qu’elle est utilisée pour énoncer des contenus dont ils n’ont pas pris connaissance. À l’heure où les capacités d’imitation de la machine se perfectionnent à la vitesse grand V, déceler le contenu généré par l’IA est de plus en plus difficile. Des experts en cyber-sécurité ont tirė la sonnette d’alarme et mis en évidence comment certaines vidéos et enregistrements postés publiquement en toute innocence sur les réseaux sociaux, pouvaient inciter des malfaiteurs à usurper l’identité de citoyens lambdas. Le tableau de David X Levine rappelle si besoin est que, dans le monde virtuel, même belles et bien énoncées, les paroles peuvent être trompeuses.

C’est bien connu: bouger, c’est bon pour la santé! Si les bienfaits d’une activité physique régulière ne sont plus à démontrer, force est de constater qu’en Europe, le meilleur ami de l’homme est loin d’être le meilleur élève en la matière… En effet, sur le continent, 40% des chiens sont, manque d’exercice physique aidant, en surpoids. Une réalité souvent ignorée par les propriétaires qui n’hésitent pas à céder une petite friandise au moindre caprice de leur toutou ou à écourter la promenade quand il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors. Pourtant, un chien qui court de joie personnifie le bonheur… L’oeuvre de Deborah Brown rappelle en filigrane que se dégourdir les jambes et lui dégourdir les pattes permet non seulement de prendre un bol d’air frais mais aussi de partager un moment de complicité avec son fidèle compagnon.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 16 NOVEMBER 2024

ÉDITORIAL • 16 NOVEMBRE 2024

Chaque jour, chaque semaine, un flux continu de nouvelles agite le paysage médiatique. Jalons du temps qui passe, certains évènements marquent toutefois si durablement les esprits que le souvenir des circonstances dans lesquelles ils se sont produits reste gravé dans notre mémoire. Le 15 avril 2019, peu avant 19h, une épaisse colonne de fumée entachait le ciel parisien, signe avant-coureur de l’incendie qui allait ravager Notre-Dame de Paris. À l’époque, c’est en direct que le monde entier assistait à l’embrasement de la charpente multiséculaire et à l’effondrement de la flèche de ce monument dont l’architecture gothique exceptionnelle était l’une des attractions emblématiques et incontournables de la ville lumière. Cinq ans plus tard, à l’issue d’un chantier de restauration titanesque, ce joyau de l’architecture médiévale renaît enfin de ses cendres et s’apprête à rouvrir ses portes aux fidèles comme aux visiteurs dès le 8 décembre prochain. En attendant de pouvoir les (re)découvrir de visu, le kaléidoscope créé à partir d’ailes de papillon par Damien Hirst rend hommage aux iconiques vitraux de la cathédrale qui inspira d’innombrables artistes, écrivains et cinéastes avant lui. 

Un épais nuage toxique s’est abattu sur la région du Pendjab, de part et d’autre de la frontière entre l’Inde et le Pakistan. L’entrée de l'hiver est toujours une période critique en Asie du sud. En effet, les phénomènes naturels (froid, vents faibles...) et humains (brûlis agricoles, émissions industrielles et pollution automobile...) exacerbent chaque année la pollution atmosphérique. Ces dix derniers jours, le smog a battu tous les records et rendu l’air irrespirable pour les plus de 14 millions d’habitants de la capitale pakistanaise. Les autorités sanitaires de Lahore ont été contraintes de fermer les écoles afin de protéger les enfants, particulièrement vulnérables. Intitulés Breathe(respire), les portraits de Dryden Goodwin illustrent les effets délétères sur la santé de la pollution de l’air.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 9 NOVEMBER 2024

ÉDITORIAL • 9 NOVEMBRE 2024

Emblème national au pays du Soleil Levant, le Mont Fuji est, à plus de 3700 mètres d’altitude, le point culminant du Japon. Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, le Fujiyama ou "Fuji-san" comme le désignent les japonais, est un lieu sacré et une source d'inspiration artistique qui est, dans l’imaginaire collectif, indissociable de son sommet enneigé. Cette année, l’automne a pourtant joué les prolongations et les versants de l’iconique volcan n’ont revêtu que bien tardivement leur manteau neigeux. Si les premiers flocons tombent d’habitude début octobre, il a fallu cette année, pour la première fois depuis 130 ans, attendre cinq longues semaines de plus qu’à l’accoutumée pour revoir le Mont Fuji coiffé de son illustre chapeau blanc. Un nouveau record qui, à l’heure où le Japon traverse son année la plus chaude, témoigne des bouleversements climatiques. Bien que la vue majestueuse ait aujourd’hui retrouvé toute sa superbe, l’oeuvre textile de Samiro Yunoki rappelle en filigrane que même les symboles ne sont pas immuables.

À 116 ans, c’est une japonaise qui est devenue la nouvelle doyenne de l'humanité. Sa congénère espagnole, et ancienne détentrice du titre, a tiré sa révérence à l’âge de 117 ans en août dernier. L’énigme de cette longévité hors du commun titille les chercheurs qui ont identifié de par le monde des zones géographiques dites bleues où il fait bon et long vivre… La photographie onirique d’Arno Rafael Minkkinen suggère comment, du haut de leur grand âge, nos aînés nous relient au passé et sont des maillons essentiels de la mémoire, des vecteurs de transmission qui traversent les époques, des témoins essentiels des soubresauts de l’Histoire.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 2 NOVEMBER 2024

ÉDITORIAL • 2 NOVEMBRE 2024

Le changement climatique exacerbe les phénomènes météorologiques extrêmes et n’épargne aucun continent. Un monde plus chaud génère davantage de précipitations. Gouttes froides, episodes cévenols, sols gorgés d’eau, coulées de boue et crues historiques, inondations meurtrières… Les violents orages et les pluies diluviennes redessinent la topographie et transforment des zones hier encore habitables en zones inondables et inondées. Quand le ciel gronde et les nuages s’accumulent, c’est l’ensemble des habitants des régions concernées qui tremblent… Après la Chine, les Etats-Unis, l’Afrique de l’Ouest et l’Europe centrale, c’est maintenant le sud-est de l’Espagne, et la région de Valence en particulier, qui subit de plein fouet les caprices de la météo. Les éléments se sont déchaînés cette semaine et le ciel est littéralement tombé sur la tête des habitants. Les autorités estiment que plus de 300 litres d'eau par mètre carré se sont abattus en quelques heures, soit l'équivalent de plus de 6 mois de pluie. Une catastrophe naturelle qui endeuille tout le pourtour méditerranéen… Échouée dans un ravin à la suite d'une crue éclair, la voiture immortalisée par le photographe Joel Sternfeld atteste de notre impuissance face à une nature de plus en plus impétueuse.

Ce mardi 5 novembre, les citoyens américains se rendront aux urnes afin de décider si oui ou non le futur locataire de la Maison Blanche sera la première présidente de l’histoire des États-Unis. Le système électoral complexe n’assure pas la victoire au candidat qui remporte le vote populaire mais à celui qui gagne le collège électoral de chaque État. Les sondages placent les candidats et les deux visions diamétralement opposées qu’ils incarnent au coude à coude… Un climat de tension extrême pèse sur tout le pays et l’issue du scrutin reste à ce jour tout aussi imprévisible que le laisse entendre l'abstraction de Gerhard Richter.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 26 OCTOBER 2024

ÉDITORIAL • 26 OCTOBER 2024

Un savant maillage de rues, d’avenues, de boulevards, de carrefours et de ronds-points régit la circulation en ville. Chaque jour, des centaines de milliers de personnes se déplacent et se croisent. Bien qu’encadrée par le code de la route, la cohabitation entre les différents usagers ne se fait pas toujours sans encombre. Si la voiture occupe encore et toujours une place de choix, la petite reine est au fil des années devenue un moyen de transport de plus en plus plébiscité. Plus écologiques et moins polluants, les deux roues ont aujourd’hui le vent en poupe. Mais, si d’aucuns se sentent pousser des ailes à bicyclette, circuler derrière un guidon s’apparente trop souvent à un véritable parcours d’obstacles. À la densité de trafic élevée, aux ouvertures inattendues de portières de voitures, aux rails de tramway, aux nids de poule et aux piétons qui s’engagent de façon inopinée sur la voie publique s’ajoute en effet la banalisation de “la violence motorisée”. Une tension croissante qui a entraîné la mort à Paris, la semaine dernière, d’un cycliste volontairement écrasé par un automobiliste à la suite d’une altercation… La composition de Susan Weil traduit l’hypervigilence requise pour se déplacer et circuler à vélo dans la jungle urbaine.

Il y a une petite quinzaine d’années, une étude réalisée à travers le monde s’était penchée sur comment les moins de 30 ans envisageaient l’avenir de l’automobile. Les conclusions laissaient supposer que ce moyen de locomotion serait aujourd’hui en perte de vitesse. Il n’en est rien, tant s’en faut, comme en attestent les conclusions du millésime 2024 de ladite étude. En effet, si les jeunes de la génération Z sont bel et bien de plus en plus enclins à adopter le vélo, les transports en communs ou le co-voiturage pour se déplacer, ils restent attachés à l’automobile, symbole de liberté par excellence, et n’envisagent pas de vivre sans. À l’instar de la voiture emballée par Christo et Jeanne-Claude, quelle que soit sa marque, l’automobile reste encore et toujours une merveilleuse machine à remonter le temps et à créer des souvenirs.
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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 19 OCTOBER 2024

ÉDITORIAL • 19 OCTOBER 2024

Si les termes faune et flore font partie intégrante du vocabulaire courant, il n’en est pas de même pour la fonge, terme à ce jour encore relativement méconnu. Longtemps négligés, les champignons et les lichens sont pourtant indispensables au bon fonctionnement des écosystèmes. Ils interagissent avec leur environnement, s’y adaptent et le modifient. Puissants bio-indicateurs, les étudier permet non seulement de déceler les dérèglements et d’évaluer l’état de conservation des habitats naturels mais aussi de mesurer la qualité de l’air, des sols et de l’eau. C’est pourquoi, tant le Chili que le Royaume-Uni voudraient que la fonge soit reconnue en tant qu’entité propre lors de la COP16 sur la biodiversité qui se tiendra à Cali, en Colombie, du 21 octobre au 1er novembre 2024. On ne peut que leur donner raison quand on sait que les scientifiques pensent qu’il n’existe pas moins d’1,5 millions d’espèces de champignons sur terre et qu’il s’agit dès lors de l’ensemble le plus diversifié de tout le vivant. Bien qu’issue de son imagination, la sculpture hybride de champignon à chapeau rouge de Carsten Höller témoigne à elle seule de la diversité potentielle de ces organismes complexes.

Il y a dix ans déjà, des centaines de petites boules vertes et poilues avaient été retrouvées sur une plage en Australie et ce sont aujourd’hui de mystérieuses boules noires qui ont envahi le sable blanc de deux plages aux alentours de Sydney. Si les premières avaient été identifiées à l’époque comme étant un type rare d’algues vertes, les secondes seraient des boules de goudron probablement issues d’un déversement pétrolier en mer qui n’aurait pas été signalé aux autorités. Intitulée Après la pluie, l’œuvre de Yayoi Kusama rappelle de façon subliminale que tant les animaux que les écosystèmes sont menacés par ces marées noires.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 12 OCTOBER 2024

ÉDITORIAL • 12 OCTOBER 2024

Quelle que soit la saison, recevoir, offrir ou s’offrir des fleurs est toujours source de plaisir. Soigneusement composé, un joli bouquet permet d’exprimer toute une palette d’émotions. De la gratitude à l’amour en passant par l’amitié, la joie mais aussi le deuil, la sympathie ou le pardon… Que l’occasion soit festive ou triste, les fleuristes mettent un point d’honneur à traduire les sentiments en compositions florales. Si d’aucuns plébiscitent aujourd’hui le local et les circuits dits courts, traditionnellement, les fleurs qui leur sont proposées par les grossistes proviennent des quatre coins du monde. Grandes voyageuses, les fleurs parcourent souvent des milliers de kilomètres avant d’être livrées en magasin. Afin de garantir leur fraîcheur, l’utilisation de pesticides reste très répandue. Si les pesticides dans les denrées alimentaires font l’objet de contrôles, il n’en est rien pour les fleurs. En les manipulant à longueur de journée, souvent à mains nues, les fleuristes sont exposés à leur insu à des résidus toxiques… Avec leurs pétales délicats et leur léger parfum, les fleurs sont aussi belles qu’éphémères mais, comme le suggère le tableau d’Hilary Pecis, derrière le mirroir, le métier de fleuriste n’est pas sans danger pour la santé.

La vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille et il s’en est fallu de peu pour que celle d’une oeuvre d’art tourne court le 1er octobre dernier. Intitulée Tous les bons moments passés ensemble, l’œuvre en forme de canettes de bière vides minutieusement peintes à la main par Alexandre Lavet a bel et bien failli finir à la benne. Exposée dans une cage d’ascenseur en verre dans un musée en Hollande, l’oeuvre en trompe-l’oeil était tellement réaliste qu’un technicien l’a prise pour un simple déchet et l’a malencontreusement jetée à la poubelle. Ce fait-divers illustre si besoin est que les œuvres d’art des uns sont les déchets des autres.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 5 OCTOBER 2024

ÉDITORIAL • 5 OCTOBER 2024

C’est bien connu, prendre de mauvaises habitudes est bien plus facile que de s’en débarrasser. Avec leurs couleurs acidulées et leurs arômes sucrés, les cigarettes électroniques jetables dites “puffs” sont devenues, en l’espace de quelques années, des “gourmandises” incontournables qui font un tabac dans les cours de récréation. Un adolescent sur dix s’est déjà laissé tenté. Les autorités sanitaires tirent la sonnette d’alarme dans la mesure où la lisière entre vapoter et fumer est souvent ténue. En s’initiant au geste, les jeunes, à qui ces produits s’adressent en priorité, banalisent l’acte d’inhaler. Une fois accros, il leur suffit d’un pas pour passer de vapoteur précoce à fumeur de cigarette précoce… À ce titre, un projet d’interdiction de commercialisation des cigarettes électroniques jetables est à l’étude en Europe. Soigneusement présentées telles des friandises dans une confiserie, les “puffs” dépeintes par Ciara McNamara démontrent, si besoin est, comment l’emballage et la couleur permettent de minimiser les propriétés addictives de cette nouvelle porte d’entrée vers le tabagisme.

Bien qu’interdites à la télévision, les publicités pour les boissons alcoolisées se taillent une place de choix sur les réseaux sociaux. À grand renfort de soirées d’influenceurs, de contenus sponsorisés et de mises en scène, les producteurs de bières, de vins et de spiritueux s’adressent à un public de plus en plus jeune. Toutes les stratégies sont bonnes pour redorer le blason de l’alcool. Le tableau de Giorgio Morandi rappelle en filigrane que la modération est la reine de toutes les vertus.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 28 SEPTEMBER 2024

ÉDITORIAL • 28 Septembre 2024

Manger est, dans nos contrées, une activité qui rythme notre quotidien. Avant de pouvoir consommer un aliment, il nous faut toutefois d’abord le retirer de son emballage et, pour les amateurs de cuisine, le préparer. Ouvrir une boîte en carton, réchauffer un plat au micro-ondes dans un contenant à usage unique, sortir une planche à découper ou remuer une spatule dans une casserole sont autant d’habitudes devenues réflexes. Si ces gestes que l’on accomplit au jour le jour nous semblent banals, ils ne sont pas pour autant anodins. En effet, comme vient de le rappeler une étude, les emballages et les ustensiles de cuisine sont composés de substances chimiques dont d’aucunes sont néfastes. Quand elles rentrent en contact avec les denrées alimentaires que l’on consomme, certaines particules migrent à notre insu dans notre organisme… On se plait à espérer que les oeufs sur le plat qui grillent dans la poêle anti-adhésive hyperréaliste dépeinte par Yaerim Ryu ne présentent pas de danger pour notre santé.

Fin de l’aventure pour Tupperware. 78 ans après sa création, l’emblématique entreprise américaine qui a fait des récipients hermétiques en plastique sa marque de fabrique, dépose le bilan et met la clé sous la porte. Comme le suggère Richard Caldicott dans sa série de photographies qui frisent l’abstraction, à l’instar de Post-it, de Bic, de Kleenex ou encore de Tipp-Ex, bien qu’elle disparaisse, Tupperware tombera plutôt dans le langage courant que dans l’oubli.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 21 SEPTEMBER 2024

ÉDITORIAL • 28 Septembre 2024

L’espace Schengen constitue l’un des piliers de la construction de l’Union européenne (UE). Il s’agit de la plus grande zone de libre circulation au monde. Plus de 400 millions de ressortissants des 29 pays membres peuvent voyager et circuler librement entre les pays sans subir de contrôles aux frontières. Bien que la libre circulation ait longtemps été considérée comme un acquis, plusieurs pays de l'UE ont progressivement décidé, à la suite d'attentats terroristes ou de l'augmentation des flux migratoires, de réintroduire des contrôles aléatoires à leurs points d’entrée. L’Allemagne est le dernier pays en date. Elle a en effet annoncé en début de semaine, et sans concertation préalable, le retour des contrôles frontaliers terrestres avec ses 9 pays voisins pour une durée de 6 mois. Ce durcissement constitue un virage à 180 degrés dans l’un des pays qui avait jusqu’ici la réputation d’être l’un des plus ouverts d’Europe. La gestion des migrations et la sécurité des frontières extérieures constituent un défi dans la mesure où elle met en péril le projet européen. Loin d’être imaginaire, la ligne noire qui fend le tableau de Graeme Luey rappelle que la frontière est bel et bien une réalité qui délimite et sépare deux territoires.

Le Royaume-Uni reste pour bon nombre de migrants la destination de la dernière chance et, quelles que soient les embûches, leur determination à traverser la Manche ne faiblit pas. 2024 est à ce jour l’année la plus meurtrière depuis le début du phénomène des traversées clandestines en embarcations de fortune et le mois de septembre bat d’ores et déjà des records de naufrages. Composée de ballots en tissu, la sculpture monumentale de Barthélémy Toguo rend hommage à tous ceux qui ont perdu la vie à la recherche d’une nouvelle vie.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 14 SEPTEMBER 2024

ÉDITORIAL • 14 Septembre 2024

Il y a trois ans, les talibans s’emparaient du pouvoir en Afghanistan. En dépit des promesses faites lors du retrait des troupes américaines, ils ont depuis systématiquement mis au ban de la société les femmes et les filles afghanes. Décret après décret, le gouvernement de Kaboul s’est évertué à entériner la disparition progressive de la gent féminine de l’espace public. Il y a quelques semaines, les autorités ont promulgué une nouvelle loi liberticide. Si, et pour ne citer que quelques unes des restrictions, l’accès à l’enseignement au-delà du primaire était interdit aux filles, si les femmes étaient contraintes et forcées à sortir couvertes de la tête aux pieds, obligées d’être accompagnées d’un chaperon, si elles ne pouvaient plus conduire ni voyager seules, ne pouvaient plus se rendre dans les salons de coiffure ni de beauté, c’est maintenant le son de leurs voix qui ne pourra plus être entendu en dehors de la sphère familiale. Celles qui n’avaient d’ores et déjà plus droit de cité sont maintenant réduites au silence. Scénario dystopique s’il en est qui nous amène immanquablement à nous demander pourquoi d’aucuns ont encore aujourd’hui si peur des femmes qui s’expriment? Bien qu’inaudible, la femme dépeinte par Stella Kapezanou rappelle que la voix oblige l’oreille à écouter et qu’il n’y pas de violation morale à vouloir se faire entendre.

Depuis 1960, le débat télévisé est un rendez-vous incontournable dans la course à la Maison Blanche. Le face-à-face tant attendu a eu lieu ce mardi. Les téléviseurs dépeints par Michael Craig-Martin sont de générations différentes. Une chose est toutefois certaine: une fois l’émission lancée, impossible de faire taire ou de feindre de ne pas entendre la voix de la candidate démocrate.

Bel été à vous qui avez déjà pris le large, bel été à vous pour qui l’ailleurs est ici. Restez curieux et bonne lecture! 

Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 13 JULY 2024

ÉDITORIAL • 13 JULY 2024

Destination touristique incontournable, le pays des hellènes attire chaque année son lot de vacanciers avides de dépaysement. Sites antiques gorgés d'histoire, paysages à couper le souffle, eaux cristallines et plages de sable blanc... Athènes et ses îles satellites continuent de faire rêver et ce même si la chaleur dantesque et les feux de forêt à répétition menacent de transformer l'onirique en cauchemar… La ville blanche est en effet l’une des métropoles les plus chaudes du continent européen et les épisodes caniculaires y sont, au fil des étés, de plus en plus extrêmes. Ainsi, bien que la saison estivale n’en soit qu’à ses balbutiements, le thermomètre a déjà dépassé les 40 degrés. Afin de parer au plus urgent, les autorités locales sont contraintes et forcées de repenser la ville, d'installer fontaines à eau et centres climatisés accessibles au public et de revégétaliser. Le défi est de taille dans la mesure où, si les températures continuent à s’intensifier, c’est la survie de tout un secteur qui est menacée. En juin, à l’instar de l’été dernier et du précédent, l’Acropole, le site le plus visité de Grèce, a dû, au grand dam des touristes, fermer ses portes pendant les heures les plus chaudes. La palette de couleur de Sol LeWitt fait monter à elle seule d’un cran le mercure et l’épure de son tracé rend hommage à ce site à l’architecture emblématique.

Comme le suggère la série de Jonathan Monk, au palmarès des destinations les plus plébiscitées s’ajoutent aussi, pour ne citer qu’elles, l’Espagne et l’Egypte. Quel que soit votre eldorado, je vous souhaite de recharger vos batteries en bonne compagnie et de rentrer la valise pleine de souvenirs!

Bel été à vous qui avez déjà pris le large, bel été à vous pour qui l’ailleurs est ici. Restez curieux et bonne lecture! 

Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 6 JULY 2024

ÉDITORIAL • 6 JULY 2024

Le 19 mai dernier, le Rubik’s Cube a soufflé sa cinquantième bougie. Reconnaissable entre mille, symbole de logique, de patience et de persévérance, il est devenu, en un demi-siècle d’existence, le casse-tête par excellence. On ne compte plus le nombre de ses adeptes tant ce jeu de décomposition, de permutation et de reconfiguration, à la fois mathématique et géométrique, s’est imposé dans la sphère ludique. Inventé en 1974 par le sculpteur et professeur d’architecture hongrois Ernő Rubik, le Rubik’s Cube se compose de six faces colorées divisées en neuf cubes miniatures. Au départ, chaque face revêt une couleur unie (blanc, jaune, vert, bleu, rouge et orange). Le jeu consiste, une fois le cube mélangé, à résoudre l’énigme de sa reconstruction par suite de rotations jusqu’à obtenir le réalignement des couleurs. Plus facile à décrire qu’à faire. Au total, 43 milliards de milliards de combinaisons sont possibles… Agilité et dextérité sont les maîtres-mots et, à ce jour, c’est un jeune américain qui détient, en à peine plus de 3 secondes, le record de vitesse de résolution. Si la composition d’Ellsworth Kelly évoque la mosaïque du jeu en cours, elle rappelle aussi que c’est parfois des géométries les plus simples qu’émerge la complexité.

Clap de fin pour les bouchons amovibles sur les bouteilles en plastique à usage unique. Annoncée pour la première fois en 2019, la directive européenne sur les bouchons dits solidaires est entrée en vigueur le 3 juillet dernier. L’initiative a pour but de favoriser un comportement écoresponsable chez les consommateurs et de réduire la pollution plastique. En effet, en restant fermement accroché à la bouteille, le bouchon ne risque pas de terminer sa course en pleine nature ou de finir dans l'estomac des animaux. Un geste bienvenu pour la planète et plus respectueux de l’environnement. En sublimant les bouchons à vis en tapisserie des temps modernes, Moffat Takadiwa confère une nouvelle visibilité et fait la part belle à ces rebuts bientôt obsolètes en Europe.

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Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 29 JUNE 2024

ÉDITORIAL • 29 JUNE 2024

L’intelligence artificielle (IA) est de plus en plus performante et la qualité des images que les algorithmes sont à même de générer aussi. Distinguer aujourd’hui une image réelle d’une image générée par l’IA est presque mission impossible. Afin de prendre en compte les avancées technologiques actuelles, un prestigieux concours de photographies en couleur ("1839 Awards") a décidé cette année de décerner un prix aux images crées par l’IA. L’objectif: récompenser et offrir une vitrine aux meilleurs exemples de ce nouveau sous-genre artistique. Si dans ladite catégorie seuls les clichés générés par l’IA étaient éligibles, force est de constater que les organisateurs se sont fait prendre à leur propre jeu dans la mesure où ils ont été contraints de disqualifier pour supercherie la photographie d’un lauréat. En effet, bien que Miles Astray ait remporté tant les suffrages du public (1er prix) que ceux du jury de professionnels (3ème prix), la photographie d’un flamant rose apparemment décapité qu’il avait soumise n’était pas artificielle mais prise par ses soins à l’aide d’un appareil photo. Son subterfuge a eu le mérite de démontrer que, dans le domaine artistique, l’être humain a encore toute sa place et que la nature reste, comme il le dit si bien, “plus créative qu’une machine."

Ancienne artère ferroviaire reconvertie en poumon vert, la High Line new-yorkaise fête, ce mois-ci, ses quinze années d’existence. Inspirée de la célèbre Coulée verte René-Dumont (la promenade bucolique inaugurée dans le 12ème arrondissement de Paris en 1993), la High Line s’étend sur plus de 2km. Perchée à 9 mètres du sol entre les gratte-ciel de Manhattan, elle est devenue, avec son jardin suspendu, emblématique de la Grosse Pomme. Comme le suggère, de façon subliminale l’échinacée dépeinte par Lois Dodd, elle est, avec ses herbes folles et ses plantes sauvages, un véritable écosystème plébiscité non seulement par les quelques 7 millions de passants qui s’y promènent chaque année mais aussi par les nombreux oiseaux, papillons et abeilles qui y ont élu domicile.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 22 JUNE 2024

ÉDITORIAL • 22 JUIN 2024

Il n’y a pas si longtemps, la presse papier était, avec la radio et la télévision, le vecteur privilégié pour s’informer. Lire le journal au quotidien était le rituel par excellence et le feuilletage des pages permettait de prendre le pouls de l’actualité. Une époque pas si lointaine mais aujourd’hui révolue. Le désintérêt des lecteurs, jeunes et moins jeunes, pour la presse imprimée va croissant. L’essor du numérique, des médias en ligne et des réseaux sociaux a fait perdre au journal de sa superbe. Si l’accès à l’information se fait aujourd’hui en un clic sur les smartphones et les tablettes, l’instantanéité ne se traduit pas forcément en qualité. La surabondance des contenus qui alimentent les plateformes entraîne inéluctablement fatigue informationnelle pour ne pas dire méfiance devant les faits. Quand ils ne se désengagent pas complètement de l’actualité, nombreux sont celles et ceux qui privilégient formats courts, opinions et résumés aux analyses de fond. Dans un contexte où la lisière entre information et désinformation est de plus en plus ténue, le dessin de Karl Haendel rappelle en filigrane que c’est l’accès à une information de qualité qui est le pilier d’une société démocratique.

Afin d’aligner la rotation de la Terre au calendrier grégorien, le solstice d’été a eu lieu, pour la première fois depuis plus de 200 ans, non pas le 21 juin mais le 20. Ce jeudi a en effet marqué le coup d’envoi officiel du retour de l’été dans l’hémisphère nord et la célébration du jour le plus long de l’année. Si le soleil était au zénith, il est demeuré, dans nos contrées, aux abonnés absents et a pris un malin plaisir à jouer à cache-cache avec la pluie et les nuages. On se plait à espérer que ses rayons vont enfin s’enhardir et chasser la grisaille afin de nous permettre de retrouver, à l’instar du couple dépeint par Camilla Perkins, les moments d’oisiveté et de douceur de vivre qui caractérisent la saison estivale.

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Zoé Schreiber

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NEWSLETTER • 15 JUNE 2024

ÉDITORIAL • 15 JUIN 2024

En début de semaine, Chiquita Brands International, le géant de la production bananière mondiale, a essuyé un nouveau revers. L’entreprise, qui avait d’ores et déjà plaidé coupable et s’était acquittée d’une amende pour avoir financé un groupe paramilitaire colombien en 2007, a maintenant été accusée de crime contre l’humanité. Elle est condamnée à verser plus de 35 millions d’euros de dédommagement à la suite d'une action civile intentée par huit familles dont les proches ont été tués par les exactions du groupe sus-mentionné. Si les multinationales ont la réputation de bénéficier d’une justice d’exception qui protège non seulement leurs intérêts mais garantit aussi leur d’impunité, la décision rendue en début de semaine par la justice américaine est historique. C’est en effet la première fois qu’une multinationale américaine est condamnée par un jury américain pour complicité de violations des droits humains à l’étranger. Ce verdict envoie un message fort aux entreprises du monde entier: celles qui profitent des violations des droits humains ne demeureront pas impunies. La banane dépeinte par Guy Yanai rappelle à notre bon souvenir que la production de ce fruit, qui est le moins cher et le plus consommé au monde, n’est pas à l’abri de dérives.

Le royaume animalier est loin d’avoir livré tous ses secrets. D’après une étude scientifique récente, compter à voix haute n’est pas l’apanage des seuls êtres humains. A l’instar de jeunes enfants, les corbeaux sont non seulement à même de comprendre les chiffres mais aussi de les verbaliser à haute voix et de les énumérer de un à quatre. On ne peut s’empêcher de se demander, si le maître corbeau sur un arbre perché qu’Ann Craven offre à notre regard croasse ou s’il compte…

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Zoé Schreiber

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