ÉDITORIAL • 1 JUIN 2024
Bien plus de 45°C au mercure et des taux d’humidité si élevés qu’ils empêchent le corps de se refroidir et menacent, par voie de conséquence, la survie de celles et ceux qui s’aventurent à l’extérieur… New Delhi n’a pas encore battu les records de chaleur enregistrés en 2023, l’année la plus chaude jamais enregistrée dans la capitale, ni le pic à 49,2°C de 2022 mais les a dangereusement frôlés. C’est la seconde année consécutive que le Nord de l’Inde et le Pakistan doivent faire face à des températures dantesques et que, depuis plusieurs semaines déjà, les quelques 30 millions d'habitants que compte la métropole indienne suffoquent sous un dôme de chaleur. Si dans la région les épisodes caniculaires ne sont pas exceptionnels en été, force est toutefois de constater qu’ils s’accentuent au fil des ans. Le réchauffement planétaire causé par les émissions de gaz à effet de serre cumulé cette année au phénomène El Niño rendent la chaleur encore plus intense et sa durée excessivement longue. Qui dit canicule dit risque de pénurie d’eau et, quand l’Inde se transforme en fournaise, se profile à l’horizon le scénario du pire. Tel un feu qui brûle tout autour, le tableau d’Howard Hodgkin traduit à lui seul l’intensité du rouge qui colore aujourd’hui les cartes météo.
Pour paraphraser l’aphorisme de Blaise Pascal, le climat a ses raisons que la raison ne connaît point. Si le nord du subcontinent indien est en surchauffe, l’un des plus hauts cols routiers français croule encore sous un épais manteau blanc. Après plusieurs semaines à pied d'oeuvre, les déneigeuses du col du Galibier (2642 mètres d’altitude) ont enfin pu venir à bout de l’enneigement exceptionnel et réussi à rouvrir les voies praticables… Comme le suggèrent les sillons tracés par Sophie Whettnall lors de sa performance sur les pistes de Verbier, déneiger le ruban d’asphalte relève non seulement de la prouesse technique mais s’apparente aussi à redessiner le paysage.
Restez curieux et bonne lecture!
Zoé Schreiber