NEWSLETTER • 24 SEPTEMBRE 2022

ÉDITORIAL • 24 SEPTEMBRE 2022

Les images et les récits qui irriguent le paysage culturel et médiatique façonnent notre rapport au monde. Les messages subliminaux véhiculés informent le regard que l’on porte sur nous-même et sur autrui. Être représenté, sous-représenté ou mal représenté (sous la forme de stéréotypes) influe par voie de conséquence sur l’estime de soi et sur la perception de l’autre. Que ce soit sur les petits ou sur les grands écrans, les représentations comptent et contribuent, dès le plus jeune âge, à notre construction identitaire. N’en déplaise à certains esprits chagrins, les récits inclusifs qui donnent leur place à tous les acteurs de notre société, quelque soit la couleur de leur peau, leur origine sociale, leur genre, leur orientation sexuelle ou leur handicap, permettent d’élargir les imaginaires, de renforcer la cohésion sociale et d’étendre la perception du champ des possibles. La femme dépeinte par Tschabalala Self est, comme le suggère le titre du tableau, une princesse. En y regardant de plus près, on s’aperçoit que les motifs qui ornent sa robe sont des personnages de Walt Disney dont l’artiste a accentué la couleur de peau. Ce faisant, elle montre non seulement que l’idéal de beauté est multiple mais aussi que tout le monde peut être un héro ou, en l’occurrence, une héroïne.

Si l’art nous donne à voir le monde autrement, le regard que l’on porte sur une oeuvre n’est pas immuable. La vidéo du drapeau planté sur l’île de la Martinique par Edith Dekyndt en 2014 commémorait, à l’origine, l’héritage d'Edouard Glissant et la mémoire de l’esclavage. Relayé depuis plusieurs jours sur la toile, l’arrêt sur image des cheveux qui, accrochés au mât flottent dans le vent, évoque aujourd’hui le désir des femmes iraniennes de s’affranchir, en brûlant leurs hijabs et en se coupant les cheveux, du contrôle et de la violence de la police des mœurs.

Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2022, ZOÉ SCHREIBER