ÉDITORIAL • 3 SEPTEMBRE 2022
Les pluies de mousson sont nécessaires à l’irrigation des récoltes et à la reconstitution des ressources en eau du sous-continent indien. S’il est indéniable qu’elles entraînent régulièrement leur lot de drames et de destruction, cette année est, au Pakistan, l’année de tous les records. Le pourquoi du comment de la situation s’explique en partie par la conjugaison de deux phénomènes liés au dérèglement climatique: des pluies torrentielles et dévastatrices sur des sols desséchés par la canicule et la fonte accélérée des glaciers. “Apocalypse now” est l’expression utilisée par un journaliste pakistanais pour décrire l’ampleur de la catastrophe qui frappe son pays. Depuis le mois de juin, le bilan, tant humain que matériel, des crues soudaines est sans précédent: plus de 1000 personnes ont d’ores et déjà perdu la vie, un pakistanais sur sept est affecté et un tiers du pays est submergé. Après des semaines d’atermoiements, la communauté internationale est enfin venue en aide au pays inondé. L’œuvre de Naiza Khan laisse deviner l’urgence de la situation et l’impact dévastateur de la crise climatique sur les populations les plus vulnérables.
Au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, ce sont plus de 20 millions de personnes qui risquent de mourir de faim. Une catastrophe humanitaire annoncée dans l’une des régions du monde les plus touchées par le réchauffement climatique. Bien que la sécheresse soit, dans cette partie du globe, la norme plutôt que l’exception, cela fait quatre décennies qu’elle n’a plus été aussi intense et prolongée. Le stress hydrique décime les cheptels, épuise les pâturages et contraint les populations qui dépendent majoritairement de l’élevage et de l’agriculture à se déplacer à la recherche de quoi se nourrir. Si dans nos contrées, l’eau est encore trop souvent perçue comme une ressource inépuisable, en évoquant un sol desséché, le tableau d’Alberto Burri suggère que la pénurie d’eau est une réalité effrayante qui risque de devenir à la longue monnaie courante.
Restez curieux et bonne lecture!
Zoé Schreiber