NEWSLETTER • 22 JUNE 2024

ÉDITORIAL • 22 JUIN 2024

Il n’y a pas si longtemps, la presse papier était, avec la radio et la télévision, le vecteur privilégié pour s’informer. Lire le journal au quotidien était le rituel par excellence et le feuilletage des pages permettait de prendre le pouls de l’actualité. Une époque pas si lointaine mais aujourd’hui révolue. Le désintérêt des lecteurs, jeunes et moins jeunes, pour la presse imprimée va croissant. L’essor du numérique, des médias en ligne et des réseaux sociaux a fait perdre au journal de sa superbe. Si l’accès à l’information se fait aujourd’hui en un clic sur les smartphones et les tablettes, l’instantanéité ne se traduit pas forcément en qualité. La surabondance des contenus qui alimentent les plateformes entraîne inéluctablement fatigue informationnelle pour ne pas dire méfiance devant les faits. Quand ils ne se désengagent pas complètement de l’actualité, nombreux sont celles et ceux qui privilégient formats courts, opinions et résumés aux analyses de fond. Dans un contexte où la lisière entre information et désinformation est de plus en plus ténue, le dessin de Karl Haendel rappelle en filigrane que c’est l’accès à une information de qualité qui est le pilier d’une société démocratique.

Afin d’aligner la rotation de la Terre au calendrier grégorien, le solstice d’été a eu lieu, pour la première fois depuis plus de 200 ans, non pas le 21 juin mais le 20. Ce jeudi a en effet marqué le coup d’envoi officiel du retour de l’été dans l’hémisphère nord et la célébration du jour le plus long de l’année. Si le soleil était au zénith, il est demeuré, dans nos contrées, aux abonnés absents et a pris un malin plaisir à jouer à cache-cache avec la pluie et les nuages. On se plait à espérer que ses rayons vont enfin s’enhardir et chasser la grisaille afin de nous permettre de retrouver, à l’instar du couple dépeint par Camilla Perkins, les moments d’oisiveté et de douceur de vivre qui caractérisent la saison estivale.

Restez curieux et bonne lecture! 

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 15 JUNE 2024

ÉDITORIAL • 15 JUIN 2024

En début de semaine, Chiquita Brands International, le géant de la production bananière mondiale, a essuyé un nouveau revers. L’entreprise, qui avait d’ores et déjà plaidé coupable et s’était acquittée d’une amende pour avoir financé un groupe paramilitaire colombien en 2007, a maintenant été accusée de crime contre l’humanité. Elle est condamnée à verser plus de 35 millions d’euros de dédommagement à la suite d'une action civile intentée par huit familles dont les proches ont été tués par les exactions du groupe sus-mentionné. Si les multinationales ont la réputation de bénéficier d’une justice d’exception qui protège non seulement leurs intérêts mais garantit aussi leur d’impunité, la décision rendue en début de semaine par la justice américaine est historique. C’est en effet la première fois qu’une multinationale américaine est condamnée par un jury américain pour complicité de violations des droits humains à l’étranger. Ce verdict envoie un message fort aux entreprises du monde entier: celles qui profitent des violations des droits humains ne demeureront pas impunies. La banane dépeinte par Guy Yanai rappelle à notre bon souvenir que la production de ce fruit, qui est le moins cher et le plus consommé au monde, n’est pas à l’abri de dérives.

Le royaume animalier est loin d’avoir livré tous ses secrets. D’après une étude scientifique récente, compter à voix haute n’est pas l’apanage des seuls êtres humains. A l’instar de jeunes enfants, les corbeaux sont non seulement à même de comprendre les chiffres mais aussi de les verbaliser à haute voix et de les énumérer de un à quatre. On ne peut s’empêcher de se demander, si le maître corbeau sur un arbre perché qu’Ann Craven offre à notre regard croasse ou s’il compte…

Restez curieux et bonne lecture! 

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 8 JUNE 2024

ÉDITORIAL • 8 JUIN 2024

Les cérémonies commémoratives du 80ème anniversaire du Débarquement des forces alliées sur la plage d’Omaha Beach (Jour-J) ont eu lieu ce jeudi. Classé parmi “les grandes journées de l’histoire”, le débarquement a marqué un tournant dans la Seconde Guerre mondiale. Ce jour-là, plus de 156 000 soldats (principalement américains, canadiens et britanniques) ont débarqué en Normandie pour libérer la France et l’Europe occidentale du joug de l’Allemagne nazie. En présence de nombreux chefs d’états, l’anniversaire du débarquement est devenu un sommet commémoratif international depuis 1984, date à laquelle un président américain est venu pour la première fois à titre officiel. Cette année, les commémorations ont été historiques dans la mesure où, si la plupart des soldats avaient moins de 20 ans lorsqu’ils ont foulé le sable normand le 6 juin 1944, ils ne sont plus aujourd’hui qu’une poignée de centenaires ou quasi centenaires à avoir participé activement à cet événement et à pouvoir en témoigner. Une cérémonie du souvenir, de la transmission et du rappel de notre attachement aux valeurs démocratiques et à la réconciliation européenne. On se plaît à imaginer que le paysage de Roy Lichtenstein n’est pas trop éloigné de celui découvert par les soldats qui débarquèrent sur les plages normandes il y a 80 ans déjà.

Le 6 juin a aussi marqué le coup d’envoi du seul scrutin transnational au monde. Ce sont les néerlandais qui se sont rendus les premiers aux urnes pour élire leurs eurodéputés suivis progressivement à partir du 7 juin par les électeurs des 26 autres États membres. Les résultats ne seront communiqués qu’après la fermeture des derniers bureaux de vote le 9 juin au soir. Si l’hémicycle d'Alex Hernández Dueñas est achromatique, celui qui se révèlera dès l’annonce des résultats des élections européennes se revêtira des couleurs politiques plébiscitées lors de ce grand rendez-vous démocratique.

Restez curieux et bonne lecture! 

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 1 JUNE 2024

ÉDITORIAL • 1 JUIN 2024

Bien plus de 45°C au mercure et des taux d’humidité si élevés qu’ils empêchent le corps de se refroidir et menacent, par voie de conséquence, la survie de celles et ceux qui s’aventurent à l’extérieur… New Delhi n’a pas encore battu les records de chaleur enregistrés en 2023, l’année la plus chaude jamais enregistrée dans la capitale, ni le pic à 49,2°C de 2022 mais les a dangereusement frôlés. C’est la seconde année consécutive que le Nord de l’Inde et le Pakistan doivent faire face à des températures dantesques et que, depuis plusieurs semaines déjà, les quelques 30 millions d'habitants que compte la métropole indienne suffoquent sous un dôme de chaleur. Si dans la région les épisodes caniculaires ne sont pas exceptionnels en été, force est toutefois de constater qu’ils s’accentuent au fil des ans. Le réchauffement planétaire causé par les émissions de gaz à effet de serre cumulé cette année au phénomène El Niño rendent la chaleur encore plus intense et sa durée excessivement longue. Qui dit canicule dit risque de pénurie d’eau et, quand l’Inde se transforme en fournaise, se profile à l’horizon le scénario du pire. Tel un feu qui brûle tout autour, le tableau d’Howard Hodgkin traduit à lui seul l’intensité du rouge qui colore aujourd’hui les cartes météo.

Pour paraphraser l’aphorisme de Blaise Pascal, le climat a ses raisons que la raison ne connaît point. Si le nord du subcontinent indien est en surchauffe, l’un des plus hauts cols routiers français croule encore sous un épais manteau blanc. Après plusieurs semaines à pied d'oeuvre, les déneigeuses du col du Galibier (2642 mètres d’altitude) ont enfin pu venir à bout de l’enneigement exceptionnel et réussi à rouvrir les voies praticables… Comme le suggèrent les sillons tracés par Sophie Whettnall lors de sa performance sur les pistes de Verbier, déneiger le ruban d’asphalte relève non seulement de la prouesse technique mais s’apparente aussi à redessiner le paysage.

Restez curieux et bonne lecture! 

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 25 MAY 2024

ÉDITORIAL • 25 MAI 2024

Statistiquement, l’avion reste indubitablement le moyen de transport le plus sûr. Bien que les incidents liés aux turbulences sur des vols commerciaux se soient multipliés au cours des dernières décennies, ils ne sont heureusement que rarement mortels. Celui qui a marqué les esprits en début de semaine est digne d’un scénario catastrophe hollywoodien. Un épisode de turbulences d’une rare violence a entraîné, en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, le plongeon de plusieurs mètres d’un Boeing de la compagnie Singapore Airlines reliant Londres à Singapour. L’avion a été contraint d’atterrir d’urgence à Bangkok et le bilan est lourd. Un passager est mort et plusieurs dizaines d’autres ont été blessés. Si les phénomènes météorologiques (zones orageuses, vents violents…) sont généralement prévisibles lors de la préparation du vol et peuvent être contournés, les turbulences dites de ciel clair sont encore à ce jour pratiquement indétectables et peuvent, par voie de conséquence, se produire sans avertissement préalable. L’avion en papier immortalisé par Adam Ekberg rappelle que, même azur et dégagé, le ciel n’est pas sans danger. Un incident peut survenir en plein vol et il est dès lors primordial, un fois installé dans son siège, de boucler et de garder sa ceinture de sécurité attachée.

Chaque année en cette saison, une fois est malheureusement coutume aux États-Unis… Quand le ciel se déchaîne et quand se confrontent la masse d’air chaude et humide en provenance du Golfe du Mexique et la masse d’air plus froide et sèche qui descend du Canada, les perturbations atmosphériques concomitantes entraînent dans la foulée violents orages et tornades. Particulièrement dévastatrice et mortelle, celle qui a balayé une petite ville de l’Iowa dans le Midwest a semé la destruction et presque tout rasé sur son passage… Aussi surréaliste et dystopique soit-elle, la colonne de vent tourbillonnant qu’offre à notre regard Francis Alÿs laisse présager la désolation du jour d’après.

Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 18 MAY 2024

ÉDITORIAL • 18 MAI 2024

Il y a onze ans, "Her" sortait en salle, un film d’anticipation américain dont le scénario racontait l’histoire d’amour 2.0 entre un homme et une intelligence artificielle (IA) à la voix féminine, intuitive, sensible et drôle. Si l’approche atypique du sentiment amoureux paraissait improbable pour ne pas dire tout droit issue de la science-fiction, force est de constater que la réalité rattrape aujourd’hui lentement mais sûrement la fiction. Dévoilée en début de semaine, Gpt-4o (“o” pour “omni”), la nouvelle itération de ChatGPT, (l’IA conversationnelle qui défraie la chronique depuis sa sortie en 2022), sera bientôt accessible gratuitement à tout un chacun et sera capable de dialoguer en temps réel avec n’importe quel interlocuteur humain. Spectaculaire percée technologique pour d’aucuns, invention inquiétante pour d’autres… En façonnant l’interface de l’IA à notre image, les ingénieurs brouillent la frontière entre le langage humain et celui des machines et il n’est dès lors plus inconcevable d’imaginer un avenir où l’on ne pourra plus reconnaître l’homme de la machine, l’authentique de l’artificiel, le vrai du faux… A la fois sculpture et banc public, la bulle de bande dessinée d'Hank Willis Thomas est facilement reconnaissable et nous invite à réfléchir sur nos modes d’expression et de communication.

Bis repetita... Télescopes rivés vers le ciel, des astronomes belges ont détecté, en orbite d’une étoile naine, l'existence d’une nouvelle exoplanète. Située en dehors du système solaire, à 55 années-lumière de la Terre, ladite exoplanėte est de taille terrestre. Qui dit découverte dit nouveau champ d'exploration et nouveau champ des possibles. La galaxie de Victor Vasarely met en exergue la fascination qu'exerce sur petits et grands, amateurs et professionnels, le cosmos et la contemplation de l'espace.

Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 11 MAY 2024

ÉDITORIAL • 11 MAI 2024

C’est à bord du Belem, un "fameux trois-mâts fin comme un oiseau” pour paraphraser la chanson, que la flamme olympique a franchi, ce mercredi, une étape décisive de son marathon. Douze jours après avoir été allumée à Olympie en Grèce, elle a été accueillie, dans la joie et la bonne humeur, dans le Vieux-Port de Marseille. L’arrivée de la torche dans la cité phocéenne a donné un véritable coup d’accélérateur au compte à rebours qui nous sépare de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris, le 26 juillet prochain. Symbole d’unité et de fraternité, le relais de la flamme marque le top départ des festivités dans l’Hexagone et dans les départements et les territoires d’outre-mer. Désormais, ce ne sont pas moins de 10 000 porteurs qui se relaieront, par monts et par vaux, du Mont Saint-Michel au château de Chambord en passant par les Antilles et les grottes de Lascaux, pour terminer leur course en apothéose dans la Ville Lumière. L’anneau de Robert Mangold évoque la forme circulaire du chaudron olympique dessiné par le designer Mathieu Lehanneur et rappelle que ce sont les relayeurs de la flamme (athlètes, célébrités et anonymes de tous horizons confondus) qui donnent l’impulsion à ce rituel indissociable du coup d’envoi des J.O. 

C’est un tout autre compte à rebours qui s’emballe et donne des palpitations aux scientifiques et climatologues. D’après un nouveau sondage effectué auprès des membres du GIEC (le Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), il y a fort à parier que le réchauffement de la planète dépasse le seuil de 1,5°C préconisé par les accords de Paris... L'alignement de thermomètres de Paul Leitner met en évidence qu’en matière de changement climatique chaque centième de degré compte.

Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 4 MAY 2024

ÉDITORIAL • 4 MAI 2024

Que ce soit dans les rues ou dans les allées virtuelles, derrière les portes fermées ou dans les zones de conflit, les violences faites aux femmes sont un fléau qui gangrène la société. Mères, filles, soeurs, amies, collègues, conjointes… Une moitié de l’humanité est encore trop souvent reléguée au statut de proie. L’adoption le 24 avril dernier, après moults débats et tractations, de la première directive européenne contre les violences faites aux femmes est à marquer d’une pierre blanche dans la mesure où elle ouvre la voie à une harmonisation des lois et des infractions pénales au sein de l’Union européenne. La feuille de route est double: lutter en amont contre les violences en misant sur la prévention et améliorer l’accompagnement et l’accès des victimes à la justice. Toutefois, si les 27 états membres se sont bel et bien accordés pour criminaliser les mutilations génitales, le mariage forcé, la divulgation d’images intimes non consenties et le cyber harcèlement, ils ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur une définition juridique commune du viol. En éclairant le mot “consent” (consentement), l’installation du collectif d’artistes Claire Fontaine met en lumière l’ombre au tableau que laisse planer cette omission…

Le temps passe avec une régularité de métronome et les fêtes et les rituels permettent de battre la mesure. Qui dit premier mai dit fête du travail mais aussi fête du muguet. Porte-bonheur, symboles de renouveau, les brins aux clochettes blanches sont annonciateurs, à l’instar de ceux dépeints par Lucien Lautrec, de lendemains qui chantent et de jours radieux.

Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 27 APRIL 2024

ÉDITORIAL • 27 AVRIL 2024

Virus, mutation, transmission, propagation… La simple évocation de ce quatuor lexical nous propulse immanquablement quatre ans en arrière. A peine avons-nous tourné la page du coronavirus que se profile d’ores déjà à l’horizon l’émergence de nouveaux pathogènes capables de déclencher des pandémies. Depuis quelques semaines, des articles relatifs à la grippe aviaire commencent lentement mais sûrement à faire leur apparition dans nos journaux. La propagation mondiale du virus H5N1 alarme l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et donne des sueurs froides à la communauté scientifique qui est à nouveau sur le qui-vive. Après s’être répandue à bas bruit depuis de nombreuses années dans les élevages de volailles du monde entier, la grippe aviaire ne se cantonne plus aujourd’hui qu’aux volailles et aux oiseaux sauvages. La souche du virus a franchi la barrière des espèces. Elle se propage désormais chez les mammifères tant terrestres que marins et cause des ravages dans les populations animales. Colonies de phoques, d’otaries et de dauphins décimées au Pérou et au Chili, épidémie dans le cheptel bovin américain et dans les élevages de visons en Espagne… Si à l’heure actuelle, la transmission de l’animal à l’homme reste rare et sporadique, les autorités sanitaires surveillent de près la situation par crainte d’une mutation du virus vers une forme transmissible à l’être humain. Les 99 sculptures d’animaux qui peuplent l’installation de Cai Guo-Qiang rappellent que si les animaux sauvages sont des vecteurs de contamination ce sont aussi des victimes.

Portés par des vents forts, d’épais nuages de poussière et de sable en provenance du Sahara ont traversé la mer Méditerranée et plongé, ce mercredi, la ville d’Athènes sous un ciel orangé… Le tableau de Violet Polsangi laisse deviner l’atmosphère surnaturelle sous le calme apparent.

Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 20 APRIL 2024

ÉDITORIAL • 20 AVRIL 2024

Coup d’envoi ce samedi 20 avril de la 60ème édition de la Biennale de Venise. Tous les deux ans, la Sérénissime devient le centre névralgique de la création contemporaine. Inaugurée en 1895, la Biennale de Venise est le plus ancien et le plus attendus des grands raouts artistiques. Sous l’égide du curateur brésilien Adriano Pedrosa, le millésime 2024 s’intitule Des étrangers partout (Stranieri Ovunque) et s’articule autour de thématiques liées à l’identité et à l’appartenance. Plus de 300 artistes de 90 nationalités différentes sont invités à l’Arsenal. Dans l’emblématique parc des Giardini, la déambulation d’un pavillon national à l'autre permet de découvrir les artistes sélectionnés pour représenter les couleurs des différents pays participants. Personnages folkloriques millénaires par excellence, les sept géants à l’effigie humaine, animale et végétale qui ont pris, l’espace de quelques mois, leurs quartiers dans le Pavillon belge, surplombent le visiteur et permettent aux membres du collectif “Petticoat Government” (“Gouvernement en jupons”), dont font partie le duo d’artistes Denicolai & Provoost, de renverser les valeurs et les perspectives et de faire la part belle à l’altérité et à la culture populaire.

Qui dit exposition dit critères de selection des artistes exposés. Si la semaine dernière, un employé de la Pinacothèque d’art moderne de Munich a été licencié pour avoir eu l’outrecuidance d’accrocher, sans autorisation préalable, l’une de ses œuvres dans l’enceinte du musée, à Edimbourg, une galerie d’art a décidé d’ouvrir ses cimaises au tout venant et d’inviter les membres du public, qu’ils soient artistes en herbe ou confirmés, à venir exposer leurs créations. Composée de tableaux de peintres amateurs dénichés dans des brocantes et autres, l’installation de Jim Shaw nous interroge sur l’essence même d’une œuvre d’art.

Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 13 APRIL 2024

ÉDITORIAL • 13 AVRIL 2024

La santé passe par une alimentation variée et équilibrée. Manger cinq fruits et légumes par jour, limiter les gras et les sucres, manger plus de céréales complètes et de légumineuses… À chaque repas, notre corps puise, dans les aliments, les nutriments nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme. Cependant, tous les aliments ne se valent pas en termes d’apports nutritionnels et un déséquilibre peut entraîner troubles et maladies… À ce titre, consommée en trop grande quantité, la viande rouge notamment exacerbe le risque de maladie cardio-vasculaire. D’après une étude scientifique récente, rééquilibrer son alimentation en remplaçant la viande rouge par des poissons fourrages permettrait de sauver des centaines de milliers de vies. Riches en omega 3, en calcium et en vitamines B12, sardines, anchois et harengs sont des aliments dont l’on sous-estime les bienfaits tant pour notre bien-être que pour celui de la planète. En effet, privilégier ces petits poissons serait bénéfique non seulement pour la santé publique mais permettrait aussi de réduire l’empreinte carbone… Si à ce jour, les bancs pêchés sont en majorité transformés en farine afin de servir d'aliments aux poissons d'élevage, n’excluons pas qu’à l’avenir, les sardines que Nikki Maloof offre à notre regard deviennent un aliment phare de notre assiette.

Après moults atermoiements, on se plaît à espérer que la saison du renouveau, des bourgeons et de la remontée de la sève s’est enfin réveillée… La palette de couleurs pastel de l’installation lumineuse de Spencer Finch évoque tant celle des magnolias et des cerisiers en fleurs que celle des jacinthes et des jonquilles qui embellissent les sous-bois, les champs et les jardins et nous invite à fredonner “vive la vie, vive le vent et vive le printemps”…

Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 6 APRIL 2024

ÉDITORIAL • 6 AVRIL 2024

Associé au plaisir de la table et au bonheur d’être ensemble, le vin est un produit qui fait rayonner à l’international le terroir de tout un pays. Bordeaux, Bourgogne, Medoc, Vallées du Rhône ou de la Loire… La simple évocation de ces régions viticoles titille les papilles gustatives des amateurs de vin du monde entier. Qu’ils soient fruités ou floraux, ronds ou secs, rouges, blancs ou rosés, les cépages de l’Hexagone sont, de tout temps, indissociables du savoir-vivre à la française. Toutefois, depuis quelques années déjà, un trublion s’est invité à la table et dans le verre des gourmets. Le changement climatique est en effet en passe de redessiner la géographie de l’oenologie. La hausse des températures influe tant sur l'acidité du moût des raisins que sur le goût et sur la teneur en alcool. Des terres autrefois fertiles deviennent de plus en plus arides voire incultivables tandis qu’ailleurs, plus au nord, des régions qui n’auraient jamais rêvé pouvoir produire le noble breuvage deviennent des terres d’expérimentation pour les viticulteurs. Après la Belgique, pays de la bière par excellence, c’est à l’avenir, de Scandinavie voire de Colombie-Britannique (Canada) que les bouteilles de vin dépeintes par Mikhail Roginsky pourraient provenir.

Si le chocolat évoque immanquablement la gourmandise et la fête, son prix et celui des incontournables œufs, lapins et cloches de Pâques a confirmé cette année encore la formule qui veut que tout ce qui est rare soit cher. Les mauvaises récoltes et les conditions météorologiques extrêmes en Côte d’Ivoire et au Ghana, principaux pays producteurs de la cabosse, sont en partie responsables de la flambée de "l’or brun" dont les cours ont tutoyé la semaine dernière de nouveaux records. Bien entamé, le coffret de chocolats que Catherine Murphy offre à notre regard laisse cependant entendre que le chocolat reste un péché mignon auquel il est difficile de résister.

Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 30 MARCH 2024

ÉDITORIAL • 30 MARS 2024

Les milliers de photos et de vidéos publiées au quotidien sur les réseaux sociaux alimentent l’imaginaire collectif et façonnent l’image que l’on a de soi et des autres. Si les marques et les produits évoluent sans cesse, le diktat de la jeunesse reste quant à lui bien ancré. À l’heure des filtres et des photos retouchées, les canons de beauté célèbrent plus que jamais une peau lisse et sans imperfections et les crèmes anti-âge qui ciblaient auparavant les personnes en âge d’avoir des rides sont aujourd’hui plébiscitées par une clientèle de plus en plus jeune. Exposées à une profusion de messages publicitaires, petites filles et adolescentes se ruent, au grand dam des dermatologues, sur des crèmes et des sérums non-adaptés aux peaux jeunes. Pour lutter contre ce fléau, une chaîne de pharmacies suédoise vient d’interdire la vente de soins anti-âge aux adolescentes de moins de 15 ans. Seule devant son miroir, pots de crème sur le comptoir, le personnage dépeint par Grace Weaver nous rappelle que si l’adolescence est un moment de questionnement et de construction de soi, nul ne devrait avoir peur de vieillir avant même d’avoir eu le temps de grandir.

Seconde main, nouvelle vie! Loin d’être un simple effet de mode, le marché du vêtement d’occasion a plus que jamais le vent en poupe. Flambée du coût de la vie et souci pour l’écologie aidant, nombreux sont celles et ceux qui préfèrent étoffer leur garde-robe à l’aide de fripes. Le tableau d’Armand Jalut met en scène une veste publiée sur une plateforme de revente et, ce faisant, attire notre attention sur la vogue qui consiste à “faire du neuf avec du vieux”.

Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 23 MARCH 2024

ÉDITORIAL • 23 MARS 2024

Respirer est indispensable à la vie. Si à chaque inspiration nos poumons s’approvisionnent en oxygène, ils absorbent aussi, sans que nous ne nous en rendions compte, les particules fines présentes dans l’atmosphère. Qui dit particules fines dit dégradation de la qualité de l’air. Liée à la hausse des gaz à effet de serre, la pollution atmosphérique constitue avec le réchauffement climatique l’une des principales menaces tant pour l’environnement que pour la santé. Elle est en effet plus mortelle que le tabagisme, l'alcool ou même la malnutrition infantile. Des milliards de personnes respirent un air pollué et, au niveau planétaire, rares sont celles qui échappent à ce “tueur invisible”. D’après un étude récente sur la pollution aux particules fines, seuls sept pays au monde respectent les normes sur la qualité de l’air ambiant fixées par l’OMS. La pollution de l'air touche particulièrement les populations les plus vulnérables et c’est en Afrique, en Asie centrale et en Asie du Sud que la qualité de l'air est la plus mauvaise. Croire sans voir reste pour bon nombre d’entre nous difficile. L’installation interactive d’Andrea Polli a le mérite de détecter et de donner à voir en temps réel les fluctuations de la pollution de l’air.

L’échange de cadeaux permet de sceller ou d’améliorer les relations diplomatiques entre deux pays. Trésor national, symbole de force et de sagesse, le panda est l’offrande de prédilection de la Chine, tant et si bien que la "diplomatie du panda" désigne cette tradition millénaire. Prêtés à long terme aux zoos étrangers, ces ambassadeurs ursidés gagnent rapidement le coeur des visiteurs. Si le tableau de Li Songsong frôle l’abstraction, on reconnait entre mille le visage attendrissant de l’animal emblématique du WWF.

Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 16 MARCH 2024

ÉDITORIAL • 16 MARS 2024

À l’approche de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, vétérinaires et professionnels du monde équestre tirent la sonnette d’alarme et militent en faveur de l’instauration de garde-fous permettant d’assurer le bien-être animal. Présents pour la première fois aux JO de 1900 et inscrits définitivement au programme olympique en 1912, les sports équestres sont la seule discipline dans laquelle concourent des animaux. Au trot ou au galop, les chevaux propulsent leurs cavaliers vers la médaille. Au saut d’obstacle comme au dressage et au concours complet, c’est la symbiose du binôme cheval-cavalier qui est évaluée selon des critères d’agilité, d’endurance, de contrôle et de maîtrise technique. Gagner ne se fait pas sans sacrifice et la victoire s’arrache bien souvent après de longues et nombreuses heures d’entraînement. Si l’athlète humain se soumet de son plein gré à ce régime exigeant, qu’en est-il des athlètes équins? La discipline sportive est encore trop souvent entachée par des scandales et des scènes de violence et d’abus… Avant d’être l’auxiliaire de l’homme, le cheval est, comme nous le donne à voir le tableau de Susan Rothenberg, un mammifère équidé majestueux qui, comme tout animal, mérite le respect.

Qui dit retour du printemps dit éveil de la nature et qui dit nature en éveil dit apparition de bourgeons et pollinisation. Le rhume des foins tant redouté par les allergiques est sorti d’hibernation et avec lui son lot d’éternuements, de picotements et de chatouillis… L’installation de Wolfgang Laib rend visible l’invisible et nous rappelle que bien qu’allergène, le pollen est source de vie. 

Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 9 MARS 2024

ÉDITORIAL • 9 MARS 2024

Après des décennies de lutte pour dépénaliser puis faciliter l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), la France est devenue, lundi dernier, à quatre jours de la journée internationale des droits des femmes, le premier pays au monde à inscrire explicitement l’IVG dans sa Constitution. Cette décision historique vise à établir un garde-fou face aux attaques contre l'accès à l'avortement et les droits en matière de santé sexuelle et reproductive. S’il est vrai que de nos jours rares sont ceux qui remettent ces droits en cause dans l’hexagone, nul ne sait de quoi demain sera fait. L’abrogation de l’arrêt Roe v. Wade en juin 2022 aux États-Unis a effet mis en évidence le fait qu’un simple changement de majorité parlementaire pouvait faire basculer sans coup férir une décision prise à l’unanimité et conduire à la disparition de la loi Veil qui, depuis 1975, permet aux femmes d'avorter jusqu'à la fin de la quatorzième semaine ou pour des raisons médicales tout au long de leur grossesse. L'oeuvre de Paula Rego met en évidence l’angoisse, la douleur et le danger qu’encourent aujourd'hui encore dans de nombreux pays les femmes qui sont contraintes d’affronter cette épreuve dans la clandestinité.

À l’échelle planétaire, le réchauffement climatique entraîne inondations, sécheresse et stress thermique. Dans les pays dits émergents, la raréfaction de l’eau renforce la vulnérabilité des femmes dans la mesure où, comme l’illustre la photographie d’Aïda Muluneh, dans les régions rurales, l’une des nombreuses taches domestiques auxquelles elles sont amenées à s’atteler pour subvenir aux besoins de leurs familles est d’aller chercher de l’eau.

Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 2 MARS 2024

ÉDITORIAL • 2 MARS 2024

Omniprésents, les écrans sont devenus pour bon nombre d’entre nous indispensables pour ne pas dire incontournables. Télévisions, ordinateurs, consoles, tablettes et smartphones font aujourd’hui partie intégrante de nos vies connectées et occupent une place de plus en plus importante dans notre quotidien. Fini le temps où l’utilisation du téléphone portable se limitait exclusivement à effectuer un appel ou à envoyer un message. L’emprise de ces appareils aux fonctionnalités multiples est grandissante. À l’échelle mondiale, c’est plus de 6 heures et demi en moyenne que nous passons quotidiennement les yeux rivés sur des écrans. Interfaces avec le monde qui nous entoure, ils nous permettent, pour le meilleur comme pour le pire, de communiquer, de nous informer et de nous divertir... En reproduisant, dans sa gravure, les empreintes digitales et les traces de doigts détectées sur l’écran tactile de son smartphone, Andrea Büttner nous rappelle en filigrane que s’il a fallu apprendre à s’en servir, apprendre à s’en passer devient, de nos jours, un enjeu de plus en plus crucial.


Chaque année, en février et en mars, festivals et trophées récompensent les meilleures productions et les meilleurs professionnels de l’industrie cinématographique. Après les Emmys et les Golden Globes Outre-Atlantique, les Baftas Outre-Manche, les Césars et la Berlinale sur le Vieux-Continent, c’est sur la prestigieuse cérémonie des Oscars que tous les projecteurs seront braqués le week-end prochain. Le monde du cinéma retient sont souffle et les pronostics concernant le palmarès vont d’ores et déjà bon train… Le tableau d’Andrew Stevovich laisse entendre que c’est d’abord et avant tout l’engouement des spectateurs qui fait vivre le septième art. 

Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 24 FEBRUARY 2024

ÉDITORIAL • 24 FEBRUARY 2024

Pour ou contre le port de l’uniforme à l’école? Si ce véritable serpent de mer a refait surface et agité une nouvelle fois le débat public en France, la question ne se pose plus depuis bien longtemps déjà dans de nombreux pays. À l’échelle planétaire, l’uniforme est en effet la règle et non l’exception. De l’Asie à l’Afrique en passant par l’Amérique Latine, c’est souvent vêtus à l’identique que les élèves empruntent le chemin de l’école. Au Royaume-Uni l’uniforme fait partie intégrante de l’ADN et ce sont plus de 90% des établissements du primaire et du secondaire qui obligent leurs élèves à porter une tenue unique. Que serait Poudlard, la célèbre école des sorciers, sans ses robes, ses capes, ses écussons et ses écharpes aux couleurs des différentes maisons? Vecteur d’uniformisation, l’uniforme permettrait d’estomper les différences socio-économiques et de susciter un sentiment d’appartenance parmi les élèves. En logeant tout le monde à la même enseigne, il favoriserait, selon ses défenseurs, le vivre-ensemble. Sculpter les uniformes scolaires de son Kenya natal permet à Dickens Otieno d’interroger le rôle des vêtements dans le façonnage de l’identité.

Berceau de l’humanité où sont apparus les ancêtres de l’Homme il y a plus de 100 000 ans, l’Afrique est aujourd’hui le continent le plus jeune au monde. Pourtant, c’est en Afrique que l'on retrouve le plus d'enfants non scolarisés et l’Afrique subsaharienne est la seule région où le nombre d'enfants privés d'éducation augmente. L'oeuvre de Nelson Makamo souligne de façon subliminale que l’éducation est la clé qui ouvre les portes de l’avenir.

Restez curieux et bonne lecture! 

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 17 FEBRUARY 2024

ÉDITORIAL • 17 FEBRUARY 2024

Coup d’envoi du carnaval! Aux quatre coins du monde, les festivaliers ont répondu "présent" et se sont réunis dans la joie et la bonne humeur pour accueillir, à bras ouverts, le retour de la saison carnavalesque. De Rio au Brésil à Venise en Italie en passant par Binche en Belgique, Nice et Dunkerque en France et La Nouvelle-Orléans aux États-Unis, pour ne citer que ces quelques villes emblématiques, costumes flamboyants, masques mystérieux, atmosphère folklorique et liesse populaire étaient au rendez-vous dans les cortèges. Le carnaval est pour beaucoup l’occasion de se libérer des contraintes quotidiennes et de se laisser porter par le sens de la fête. Quand les défilés enchantent les rues, la joie se dessine sur les visages, le rythme entêtant de la musique propulse les danseurs et la routine fait place à l’excès, à la spontanéité et à la créativité. À chaque carnaval sa palette de couleurs et sa bande-son. On imagine volontiers qu’après avoir esquissé quelques pas de tango, la danseuse de Sonia Delaunay dansera la samba.

Quels droits d’auteur pour le patrimoine culinaire? À qui appartient une recette? À New Delhi en Inde, la justice a été saisie afin de trancher une fois pour toutes sur l’inventeur d’un plat iconique. Au coeur de la querelle, le poulet au beurre, un curry onctueux dont deux familles de restaurateurs se disputent la paternité. L’affaire met en lumière la question de la protection juridique des créations culinaires. Aussitôt goûtée, l’alchimie des saveurs est, bien souvent, aussitôt copiée… Comme on se plait à le croire en regardant l’installation de casseroles et d'ustensiles de cuisine de récupération de Subodh Gupta, les bons petits plats se concoctent au jour le jour dans les foyers.


Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 10 FEBRUARY 2024

ÉDITORIAL • 10 FEBRUARY 2024

Rien de tel que les néologismes pour décliner à tout vent l’inflation qui grève le panier des ménages. À ce titre, les anglicismes ont plus que jamais la cote. "Shrinkflation", "cheapflation"… Les mots-valises défraient la chronique et rivalisent d’ingéniosité pour décrire la conjoncture économique actuelle. Non seulement tout coûte plus cher mais le grammage et la qualité de certaines denrées alimentaires se sont dégradés. Volume des emballages revu à la baisse (shrinkflation), substitution d’ingrédients et modification des recettes pour réduire le coût de production quitte à lésiner sur les valeurs nutritionnelles (cheapflation)… Les consommateurs trinquent à chaque passage en caisse et subissent de plein fouet, et ce jusque dans l’assiette, les effets délétères de l’inflation sur leur alimentation. Face à la flambée des prix, manger cinq fruits et légumes par jour est devenu pour beaucoup un voeu pieux… Si les prix dans le supermarché immortalisé par Andreas Gursky sont plafonnés, il n’en est malheureusement pas de même dans les rayons de nos magasins.

Les vacances de carnaval se profilent lentement mais sûrement à l’horizon et elles sont pour beaucoup synonymes de vacances à la neige. Cette année encore, la poudreuse fait cruellement défaut dans de nombreuses stations de ski européennes. Cela dit, la situation est bien pire en Asie. À Gulmarg, dans le Cachemire indien, dans l’un des domaines les plus hauts et les plus spectaculaires au monde, les contreforts de l’Himalaya sont restés, réchauffement climatique aidant, désespérément bruns et secs en décembre et janvier. Une rare tempête de neige ces derniers jours a toutefois rendu le sourire aux habitants et aux touristes qui pourront espérer à nouveau dévaler les pistes et dessiner, à l’instar du skieur photographié par Pierre Boucher, leur ombre sur le manteau blanc. 


Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2024, ZOÉ SCHREIBER