Sergio Larrain

Sergio Larrain, Passage Bavestrello, Valparaiso, Chili, 1952

Sergio Larrain, Passage Bavestrello, Valparaiso, Chili, 1952

L’image en noir et blanc de Sergio Larrain fige deux fillettes de dos dans une cage d’escalier à claire-voie. Les deux petites filles se suivent et se ressemblent et on se plaît à les imaginer sœurs ou amies d’enfance. Avec le recul, le moment suspendu semble illustrer avant l’heure la distanciation sociale imposée par la conjoncture actuelle.

Figure emblématique de la photographie sud-américaine, le chilien Sergio Larrain (1931-2012) photographie les enfants des rues et les laissés-pour-compte de Santiago et sillonne le monde au gré de ses reportages avant de resserrer définitivement sa focale sur son pays natal et sur la ville portuaire de Valparaíso. Instinct et acuité visuelle le guident dans ses vagabondages. Il saisit le ballet fugitif des passants et le chassé-croisé de l’ombre et de la lumière. Photographe humaniste, sa démarche est à la fois sociale et poétique. “Une bonne photo naît dans un état de grâce. Cela arrive lorsque l’on est libéré des conventions, des obligations, de la compétition: libre comme un enfant découvrant la réalité pour la première fois. Le but du jeu, ensuite, est d’organiser le cadre.”

Copyright © 2020, Zoé Schreiber

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Luigi Ghirri

Luigi Ghirri, Tellaro, 1980

Luigi Ghirri, Tellaro, 1980

“Homme libre, toujours tu chériras la mer!” La citation de Baudelaire résonne dans notre tête à la vue de cette photographie de Luigi Ghirri. Le spectacle de l’infini de la mer et de son horizon évoque vacances, repos et évasion... Pourrons-nous, si l’envie nous prenait cet été, retrouver le littoral et aller nous prélasser sur la plages?

Le photographe italien Luigi Ghirri (1943-1992) braque son objectif sur des paysages ordinaires. Derrière l’apparente simplicité de ses tirages aux couleurs feutrées, se cache une réflexion sur la nature de la photographie et sur la façon dont les images façonnent notre perception du réel. Qu’il cartographie son Émilie-Romagne natale ou qu’il documente l’Europe de ses voyages, le récit décousu qu’il nous livre est fragmentaire. Son but n’est pas tant de révéler mais plutôt de suggérer: ses clichés très construits captent des moments suspendus et subliment la banalité du pas grand-chose et de l’anodin. La photographie est pour lui une “grande aventure dans le monde de la pensée et du regard”.

Copyright © 2020, Zoé Schreiber

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July 8, 2020 / Zoé Schreiber

June 8, 2020 / Zoé Schreiber

 

Gabriel Orozco

Gabriel Orozco, Four Bicycles (There is Always One Direction), bicycles, 198.1x223.5x223.5 cm, 1994

Gabriel Orozco, Four Bicycles (There is Always One Direction), bicycles, 198.1x223.5x223.5 cm, 1994

La sculpture de Gabriel Orozco met en vedette un accessoire aujourd’hui incontournable. Les quatre bicyclettes comme quatre points cardinaux traduisent mouvement et dynamisme... La “petite reine” va-t-elle bientôt imposer sa loi dans les rues de nos villes? Allons-nous bientôt tous être les reines et rois du déplacement à deux roues?

Mobilité et déplacement sont au coeur de la pratique pluridisciplinaire du plasticien mexicain Gabriel Orozco (1962-). Sans atelier fixe, il s’inspire de la rue et de l’espace public des différents pays où il séjourne. L’art peut selon lui être partout et il invite le spectateur à s’interroger sur le comment et le pourquoi un objet ordinaire devient une œuvre d’art. Amateur de sport, il réactive par le biais de figures géométriques le mouvement du sportif et, avec sa sphère en plasticine qu’il pousse devant lui avec ses pieds, archive ses promenades. Artiste touche-à-tout, il s’approprie et détourne des matériaux insignifiants pour nous faire voir le réel autrement... ”Je suis en changement constant, comme un débutant. Ma démarche repose sur l’accident, l’improvisation et la décision immédiate.”

Copyright © 2020, Zoé Schreiber

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