Si d’aucuns seront décontenancés par l’absence de réel fil conducteur, la banderole déployée à l’entrée se veut rassurante: “Ceci n’est pas une exposition. Et vous n’êtes pas un simple visiteur, ... ceci est un lieu dédié à l’art, qui n’existe que par vos yeux. Ceci est un lieu ouvert au débat, qui n’existe que par votre voix.” L’accent est mis sur la place du ressenti dans la “rencontre” avec une oeuvre d’art et la visite s’articule plutôt autour de rapprochements formels et thématiques. Le visiteur est encouragé à donner libre cours à sa curiosité et à laisser ses pas le guider. S’il n’y a pas de parcours linéaire, chaque œuvre est légendée par son cartel qui ne se contente pas de détailler la démarche de l’artiste mais qui soulève chaque fois une question pour inviter le visiteur à s’interroger sur ce qu’il voit.
“Êtes-vous prêt à accueillir l’inattendu?”, “Peut-on saisir la vie telle qu’elle se vit?”, “réalité ou illusion?”, “l’art est-il une question de création ou de transformation?”, “l’art se cache-t-il dans la banalité ou l’art est-il précisément aussi banal que la vie quotidienne elle-même?” voici quelques-unes des interrogations soulevées par les oeuvres présentées.
Au coeur de l’exposition, l’installation vidéo de Pierre Bismuth rappelle que les premiers “bénéficiaires” de la collection sont les salariés de l’entreprise. “Un des enjeux de la mise en valeur de la collection ING au sein du siège de la banque à Bruxelles a été de réfléchir à la relation très particulière entre les employés et les oeuvres. Comment valoriser la collection auprès d’un public à la fois en contact quotidien avec les oeuvres sans pourtant avoir choisi de s’y intéresser?” explique l’artiste. Il a attribué de façon aléatoire aux participants à son projet interactif Coll/nnection (2014) une oeuvre d’art de la collection et les a interrogés sur comment leurs “premières impressions” de ladite oeuvre ont évolué au fil du temps. Leurs témoignages nous éclairent non seulement sur la valorisation de l’art contemporain dans l’entreprise mais aussi sur comment côtoyer des oeuvres d’art au quotidien améliore le cadre de vie et de travail.
Nombreux et variés sont les artistes exposés et je me contenterai d'en mentionner certains… Des œuvres d’artistes “historiques” tels Constantin Permeke, Henri Moore, Marcel Broodthaers et Piet Mondrian pour ne citer qu’eux, sont juxtaposées à celles des artistes Robert Rauschenberg ou de John Baldessari, dont on a appris la disparition en ce début d’année.