Claude Lévêque
Un néon multicolore. Un mot, un seul, sous forme d’exclamation: BRAVO! Les bravos pour les soignants, les bravos pour celles et ceux qui étaient en première ligne et que nous applaudissions tous les soirs à 20 heures tapantes. L’envie irrépressible de s’approprier ce bravo et de laisser enfin derrière nous ces semaines de confinement pour mordre à pleines dents dans cette vie d’après qui ressemble étrangement à la vie d’avant.
Magicien du verbe et de la lumière, le plasticien français Claude Lévêque (1953-) sculpte au néon dessins, mots et bribes de phrases qu’il glane de-ci de-là et dont il confie la calligraphie à ses proches. Les écritures sont tremblantes, hésitantes, comme si la langue avait du mal à se délier, et ses installations convoquent tant l’univers de l’enfance que des thématiques sociétales au confluent de l’expérience individuelle et collective. “La lumière est quelque chose qui métamorphose, qui théâtralise, qui insiste sur un récit. J’aime utiliser la lumière de manière assez simple; créer un impact, de l’éteignement jusqu’à l’aveuglement total, ça agit sur les sens.”
Copyright © 2020, Zoé Schreiber
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JR
Placardé sur un toit, le portrait géant d’un couple d’un âge certain. Si l'essence de la photographie est de rendre les visages immortels, le pari est réussi. Nos anciens, plus à risque, ont payé un lourd tribut à la pandémie de Covid-19... Ce constat a rendu plus visible la vieillesse et la place que nous accordons à nos aînés dans nos sociétés.
JR (1983-) est un artiste français qui, depuis près de vingt ans, allie collage et photographie. La rue et l’espace public sont ses terrains de jeu et il s’approprie les murs des villes du monde entier pour y afficher ses portraits d’anonymes. Des jeunes de banlieues parisiennes aux favelas brésiliennes, du “mur de la honte” qui sépare israéliens et palestiniens aux portraits des seniors qui ont vécu les mutations de leur ville, ses photographies sont des actes dont il ne renie pas la dimension politique. “Ce que j’ai de plus cher dans mon travail dans la rue c’est de faire se rencontrer les gens” et “de combler les distances physiques, culturelles, spirituelles entre personnes de toutes origines”.
Copyright © 2020, Zoé Schreiber
Jeffrey Gibson
Un sac de frappe incrusté de rivets et brodé de perles multicolores en lazy stitch… Qui dit sac de frappe, dit boxe et qui dit boxe dit: “avancer, encaisser, esquiver et progresser”!
La pratique artistique hybride de Jeffrey Gibson (1972-) est fermement ancrée dans la culture amérindienne. Sa note d’intention: accroître la visibilité d’une communauté encore trop souvent méconnue, mésestimée et en marge de la scène artistique américaine. Sentiment d’altérité et d’appartenance se côtoient dans ses œuvres pluridisciplinaires. Il revisite les motifs géométriques des parures et des vêtements de cérémonie traditionnels et les textes, citations et paroles de chansons qu’il insère véhiculent un message d’inclusion, de respect et de tolérance. Sa série emblématique sur les sacs de frappe joue sur la symbolique de l’objet et nous parle de combats, de luttes, d’exutoire à la colère certes, mais aussi d’endurance et de dépassement de soi. “Je veux contribuer à la création d'un espace où peut s'exprimer la créativité des communautés indigènes. Nos histoires méritent d'être entendues dans la mesure où nos traditions et nos rituels se perpétuent et sont toujours d’actualité.”
Copyright © 2020, Zoé Schreiber