Les personnages qui figurent sur le tableau haut en couleur de l’artiste américaine Nina Chanel Abney ravivent le souvenir de bandes dessinées satiriques. Pourtant, à y regarder de plus près, la violence est sous-jacente dans les deux cases qu’elle juxtapose et les injonctions qui accompagnent les dessins naïfs décrivent l’arrestation musclée d’hommes noirs par des policiers blancs. Cette œuvre dénonce des événements qui se rejouent périodiquement aux États-Unis. Elle est plus que jamais d’actualité dans un climat de tensions raciales exacerbées par les récentes bavures policières.
Nina Chanel Abney (1982-) pose son regard incisif sur les paradoxes qui caractérisent la société américaine contemporaine. Rien n’est jamais tout noir ni tout blanc et ses peintures et fresques murales, au ton faussement enjoué, s’attaquent aux abus de pouvoir et aux injustices mais aussi aux questions de genre et d’identité. Aplats de couleurs vives, silhouettes schématisées, émoticônes et mots issus de la culture pop et hip hop saturent ses compositions. Son objectif: “déstabiliser, mais de manière positive”. Comme elle l’explique: “mon travail est facile à avaler, mais difficile à digérer”.
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