NEWSLETTER • 4 FÉVRIER 2023

ÉDITORIAL • 4 FÉVRIER 2023

On pensait les carottes cuites mais, aussi incroyable et improbable que cela puisse paraître, la minuscule capsule radioactive tombée d’un camion dans l’outback australien il y a une semaine a refait surface. Les autorités ont déployé les grands moyens et passé au peigne fin plusieurs centaines de kilomètres avant de la retrouver au bord d’une route déserte près de la mine d'où elle avait été transportée. Comme quoi, tout arrive à qui y met du sien, surtout si l’obscur objet du désir, de la taille d’un petit pois extra fin, contient du Césium-137, une substance hautement radioactive qui permet de mesurer la densité du minerai de fer dans les mines. Quand on sait que l’objet minier aurait pu émettre des rayonnements radioactifs pendant les 300 prochaines années, on comprend mieux le ouf de soulagement poussé tant par les habitants que par les autorités. Assemblée à partir de résidus collectés, entre autres, sur le site de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon, la sculpture de Trevor Paglen met en exergue la toxicité invisible des radiations.

Rares sont ceux et celles qui n’ont à ce jour entendu parler, à un moment ou à un autre, au détour d’une conversation sur le rangement, de la méthode KonMari. Selon ladite méthode, à l’instar de la citation qui veut que ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, un intérieur bien rangé aiderait à avoir les idées claires. Changement de cap toutefois récemment… La papesse de la méthode de rangement éponyme a fait les gros titres de la presse en reconnaissant que la magie du désencombrement a ses limites. Si l’œuvre de John Giorno donnerait à certains l’envie de retomber dans leurs anciens travers, elle rappelle aussi que le bonheur est un délicat équilibre entre ce que l’on est et ce que l’on a.

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Zoé Schreiber

COPYRIGHT © 2023, ZOÉ SCHREIBER

NEWSLETTER • 11 JUIN 2022

ÉDITORIAL • 11 JUIN 2022

Le constat est sans appel: les couleurs des récifs coralliens perdent de leur superbe au fil des années. Menacés tant par la pollution que par la surpêche et le réchauffement climatique, leur blanchissement et, plus précisément le blanchissement du plus grand d’entre eux, inquiète la communauté scientifique. Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, la Grande Barrière de corail s'étend sur plus de 2000 kilomètres le long de la côte nord-est de l'Australie et est, en termes de biodiversité, l’un des écosystèmes les plus riches de la planète. L’ampleur de la décoloration est inédite. Pour assurer leur propre survie, les coraux sont en effet contraints d’expulser les microorganismes qui les nourrissent et les pigmentent. Les coraux blanchis sont à ce jour encore vivants mais le stress thermique intense auquel ils sont soumis les met en peril. D’un blanc fantomatique, le corail de Valéria Nascimento rappelle implicitement que, si les périodes de stress persistent et s'intensifient, les récifs sont condamnés, à plus ou moins longue échéance, à une mort certaine.

Depuis le début de la conquête spatiale et le lancement du premier satellite Spoutnik 1 par l’URSS en 1957, plusieurs milliers de tonnes d’objets ont été mis en orbite autour de la Terre. La prolifération de débris générés par ces engins est exponentielle et l’espace s’apparente lentement mais sûrement à une vaste déchetterie. Fragments de fusées, satellites inertes ou en fin de vie, outils et équipements abandonnés ou égarés par des astronautes dans le cadre de missions, débris volants qui entrent en collision et se brisent en nanoparticules… Ce sont des milliers de déchets d’origine humaine qui gravitent dans le ciel et leur quantité ne fait qu’augmenter, tant et si bien que la pollution spatiale, pourrait devenir, après la pollution terrestre, l’un des grands enjeux des années à venir. N’ayant jamais pu être déployé et n’ayant pas à ce jour encore été localisé, “le premier satellite à exister seulement en tant que geste artistique” de Trevor Paglen a, selon toute vraisemblance, rejoint les autres debris spatiaux qui flottent au-dessus de nos têtes.

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Zoé Schreiber

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