Richard Diebenkorn

Robert Diebenkorn, Cityscape #1, 1963

Robert Diebenkorn, Cityscape #1, 1963

Vidé de toute trace de présence humaine, ce tableau rappelle étrangement les images de déserts urbains qui alimentent depuis une semaine déjà notre quotidien. Intitulée Cityscape #1 (1963), cette toile traduit bien ce que son auteur, le peintre américain Richard Diebenkorn, appelait “la tension sous le calme apparent”. Il s’inspire d’un paysage existant et le sublime en posant la ligne d’horizon très haut. Il réduit par ce biais la distance entre le ciel et la terre et, en ne peignant pas les immeubles qui longent le côté droit de la rue, aplatit le rendu et rend le paysage plus géométrique. Ce tableau est annonciateur de la série intitulée Ocean Park qui l’a occupé pendant les vingt dernières années de sa vie.

La pratique artistique de Richard Diebenkorn (1922-1993) s’est nourrie d’allers-retours entre abstraction et figuration. Proche des expressionnistes abstraits à ses débuts, il évolue vers la figuration avant de se consacrer à l’abstraction géométrique.

Copyright © 2020, Zoé Schreiber

View this post on Instagram


RELATED POST

11 août 2020 / Zoé Schreiber

 

Helena Almeida

Helena Almeida, Étude pour deux espaces, 1977

Helena Almeida, Étude pour deux espaces, 1977

Telle une fleur, la main semble s’extraire pour ne pas dire se libérer de la porte en fer forgé... dedans/dehors... Une main tendue vers l’extérieur certes mais une main rattachée à un corps enraciné à l’intérieur, une main rattachée à un corps invisible, à un corps arrimé de l’autre côté du miroir... Si cette main est celle d'Helena Almeida, artiste portugaise majeure du XXeme siècle, elle pourrait être celle d’une femme lambda...

Helena Almeida, Peinture Habitée, 1975, acrylique sur photographie, 46 x 50cm

Helena Almeida, Peinture Habitée, 1975, acrylique sur photographie, 46 x 50cm

Cette image, simple et poignante à la fois, est plus parlante que le mot en cette période de confinement imposée par l’épidémie de Covid-19. Le cliché, réalisé en 1977, s'intitule "Etude pour deux espaces [Estudo para dois espaços]" et raconte l'isolement du Portugal pendant les années de dictature.

Plans resserrés sur différentes parties du corps, jeux d'ombres et de regards, travail sur le mouvement et la séquence... Les oeuvres d'Helena Almeida (1934-2018) brouillent les pistes entre la photographie, la performance et la peinture. L'artiste a représenté le Portugal à deux reprises à la Biennale de Venise et son travail a fait l’objet de rétrospectives au Jeu de Paume et au Wiels entre autres. Dans une de ses séries les plus connues, Peinture Habitée, Helena Almeida repeint par endroits ses auto-portraits de bleu Klein, une façon de construire et d'occuper un espace d'expression qui lui est propre, de dépasser les limites du cadre pictural mais aussi, peut-être de s'affranchir d'un carcan sociétal. « Ma peinture est mon corps, mon corps est mon oeuvre » se plaisait-elle à dire.

Copyright © 2020, Zoé Schreiber

View this post on Instagram