Tel un pion de Monopoly, la maison orange vif se détache du paysage urbain environnant. La couleur est tellement présente que l’on ne remarque pas immédiatement que les fenêtres de l’habitation sont murées par des planches de bois et que le semblant de pelouse qui l’entoure est jonchée de détritus épars.
L’art peut-il jouer un rôle catalyseur dans la prise de conscience de l’injustice économique et sociale? L’artiste plasticienne américaine Amanda Williams (1974-) repeint les façades de huit maisons vouées à la destruction dans le quartier déshérité et délabré d’Englewood au Sud de Chicago et, ce faisant, les réhabilite en œuvres d’art. Sa palette de couleurs est subjective et correspond à celle de marques de produits (chips, cigarettes, lotions capillaires...) largement diffusés dans la communauté afro-américaine. Elle change par ce biais la perception que les gens ont de leur quartier et attire l’attention sur la segregation résidentielle et sur la prédation immobilière endémique dans sa ville natale.
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