ÉDITORIAL • 19 OCTOBER 2024
Si les termes faune et flore font partie intégrante du vocabulaire courant, il n’en est pas de même pour la fonge, terme à ce jour encore relativement méconnu. Longtemps négligés, les champignons et les lichens sont pourtant indispensables au bon fonctionnement des écosystèmes. Ils interagissent avec leur environnement, s’y adaptent et le modifient. Puissants bio-indicateurs, les étudier permet non seulement de déceler les dérèglements et d’évaluer l’état de conservation des habitats naturels mais aussi de mesurer la qualité de l’air, des sols et de l’eau. C’est pourquoi, tant le Chili que le Royaume-Uni voudraient que la fonge soit reconnue en tant qu’entité propre lors de la COP16 sur la biodiversité qui se tiendra à Cali, en Colombie, du 21 octobre au 1er novembre 2024. On ne peut que leur donner raison quand on sait que les scientifiques pensent qu’il n’existe pas moins d’1,5 millions d’espèces de champignons sur terre et qu’il s’agit dès lors de l’ensemble le plus diversifié de tout le vivant. Bien qu’issue de son imagination, la sculpture hybride de champignon à chapeau rouge de Carsten Höller témoigne à elle seule de la diversité potentielle de ces organismes complexes.
Il y a dix ans déjà, des centaines de petites boules vertes et poilues avaient été retrouvées sur une plage en Australie et ce sont aujourd’hui de mystérieuses boules noires qui ont envahi le sable blanc de deux plages aux alentours de Sydney. Si les premières avaient été identifiées à l’époque comme étant un type rare d’algues vertes, les secondes seraient des boules de goudron probablement issues d’un déversement pétrolier en mer qui n’aurait pas été signalé aux autorités. Intitulée Après la pluie, l’œuvre de Yayoi Kusama rappelle de façon subliminale que tant les animaux que les écosystèmes sont menacés par ces marées noires.
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Zoé Schreiber