Barbara Kruger

Barbara Kruger, Untitled (I shop therefore I am), photographic silkscreen/vinyl, 111x113in., 1987

Barbara Kruger, Untitled (I shop therefore I am), photographic silkscreen/vinyl, 111x113in., 1987

En détournant la citation du philosophe René Descartes : “Je pense donc je suis”, Barbara Kruger (1945-) émet une critique acerbe sur la société de consommation. Ce slogan, placé au centre de l’image, harponne le regard. “I shop therefore I am” (j’achète donc je suis) transforme la proposition cartésienne et interpelle le spectateur. Si pour Descartes, c’est le fait de penser qui guide notre existence, l’artiste américaine sous-entend que, dans le monde d’aujourd’hui, c’est notre capacité d’acheter qui façonne notre identité.

Artiste conceptuelle, Barbara Kruger est l’une des représentantes majeures de l’appropriationnisme. Son style est immédiatement reconnaissable. Elle s’empare des codes publicitaires qu’elle détourne pour dénoncer la société de consommation et les stéréotypes qui pénalisent les femmes et les minorités. Par le biais de phrases chocs sur fond rouge, ses photomontages en noir et blanc déconstruisent les mécanismes de communication et de représentation véhiculés par les médias. Ses œuvres se déclinent sur différents supports, que ce soit des tableaux, des panneaux dans l’espace public ou sous forme d’installations immersives.

Copyright © 2020, Zoé Schreiber

View this post on Instagram

Helen Frankenthaler

Helen Frankenthaler, Small’s Paradise, acrylic on canvas, 254.0 x 237.7 cm, 1964. Collection Smithsonian American Art Museum, Gift of George L. Erion, 1967

Helen Frankenthaler, Small’s Paradise, acrylic on canvas, 254.0 x 237.7 cm, 1964. Collection Smithsonian American Art Museum, Gift of George L. Erion, 1967

Telles des taches d’encre de Rorschach, les couleurs se rencontrent et s’entremêlent dans ce tableau d’Helen Frankenthaler. Toute en luminosité et en transparence, cette oeuvre met la couleur à l’honneur et traduit l’énergie et la vitalité du Small’s Paradise, un club de jazz de Harlem, référencé dans le titre.

Figure majeure de l’expressionnisme abstrait, l’américaine Helen Frankenthaler (1928-2011) s’inscrit dans la mouvance du Color Field Painting, un mouvement pictural né à New York qui se caractérise par des tableaux abstraits de grandes dimensions tout en aplats de couleurs. Elle met au point la technique du stained color, technique qui utilise la peinture comme une teinture qui imprègne directement la toile. La tache qui en résulte semble auréolée ce qui donne à l’oeuvre une illusion de mouvement continu. Artiste prolifique, elle n’a eu de cesse de se renouveler au cours des six décennies de sa carrière. Elle écrivait d’ailleurs qu’“il n’y a pas de règles. C’est ainsi que nait l’art et que des percées se font. Aller contre les règles ou les ignorer. Voilà la base inaliénable de toute création”.

Copyright © 2020, Zoé Schreiber

View this post on Instagram


LIRE AUSSI:

September 15, 2020 / Zoé Schreiber

 

Do Ho Suh

Do Ho Suh, Home Within Home Within Home Within Home Within Home (2013) at the National Museum of Modern and Contemporary Art, Korea. Image courtesy National Museum of Modern and Contemporary Art, Korea.

Do Ho Suh, Home Within Home Within Home Within Home Within Home (2013) at the National Museum of Modern and Contemporary Art, Korea. Image courtesy National Museum of Modern and Contemporary Art, Korea.

La transparence et la légèreté de cette installation monumentale évoquent l’oubli. Comme pour les graver à jamais dans sa mémoire Do Ho Suh (1962-) emboite l’une dans l’autre, la maison de son enfance coréenne et son premier lieu de vie aux Etats-Unis. Tel un fantôme, l’œuvre, suspendue au plafond, semble flotter au-dessus de nos têtes. "C'est parce que les souvenirs des anciennes demeures sont revécus comme des rêveries que les demeures du passé sont en nous impérissables". (Gaston Bachelard)

Né en Corée, l’artiste plasticien Do Ho Suh vit aux USA avant de s’installer à Londres en passant par Berlin. D’abord attiré par la sculpture, il se dirige progressivement vers l’installation. Tendus sur des structures de tubes en acier, les voilages de couleur lui permettent de jouer sur l’espace et les échelles et de reproduire à l’identique les bâtiments et les espaces qui ont ponctué sa vie. Il s’inspire de son nomadisme et surnomme ses répliques des « maisons-valises » , des souvenirs qu’il peut transporter avec lui de lieu en lieu.

Copyright © 2020, Zoé Schreiber

View this post on Instagram

Alex Katz

Alex Katz, Ada, oil on linen, 2016

À la lumière des mesures de distanciation sociale que nous sommes contraints d’adopter, le regard que l’on porte aujourd’hui sur ce tableau d’Alex Katz n’est évidemment, pour citer librement Paul Verlaine, ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. Certes, Ada, son épouse et muse depuis plus de 50 ans est présente mais, quelque part, sa démultiplication tire l’image vers l’abstraction.

Artiste américain associé au pop art, Alex Katz (1927-) est à la fois portraitiste et paysagiste et ses œuvres oscillent entre figuration et abstraction. La précision de son trait lui permet de simplifier les formes au maximum. En peignant les sujets de ses toiles sur un seul et même plan, il fait disparaître toute perspective. Son style épuré, ses aplats monochromes de couleurs vives, ses cadrages et le format souvent monumental de ses tableaux rappellent les écrans de cinéma et les panneaux publicitaires. Son œuvre est tant inclassable qu’intemporelle et, comme le soulignait en 2016 Jackie Wullschlager, critique d’art du Financial Times, “au fil des années, Katz a remis en question tout en absorbant certaines caractéristiques des principaux courants de la scène américaine: les dimensions héroïques de l’expressionnisme abstrait, la planéité figée du pop art, et l’austérité propre au minimalisme”.

Copyright © 2020, Zoé Schreiber

View this post on Instagram


RELATED POST

4 août 2020 / Zoé Schreiber