Deux mains aimantent notre regard et attisent notre méfiance et notre suspicion. Suspendues à plat et enduites de couleurs complémentaires jusqu’au poignet, la main rouge et la main verte sont en dualité logique... Le rouge sang semble évoquer le danger pour ne pas dire la mort tandis que le vert invoquerait un élan de vie, une sorte de renaissance. La tension qui se dégage du tableau fait immanquablement écho à la conjoncture actuelle.
Les tableaux, dessins et films de l’artiste belge Michaël Borremans (1963-) sont à la fois atemporels et énigmatiques et son univers hallucinatoire est à bien des égards troublant. S’il s’inspire de l’histoire de l’art et peint dans le sillage de Manet, Courbet, Velázquez et Goya, il se dégage de sa pratique à la précision photographique une sensibilité très contemporaine. Ses oeuvres figuratives s’apparentent à des scènes de théâtre où il nous livre par bribes les différents actes de la pièce qui se joue. Pour le citer: “une bonne œuvre d’art n’est ni une réponse ni une question. Une bonne œuvre est un nœud.”
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