ÉDITORIAL • 29 AVRIL 2023
En Europe, s’il est un drame écologique dont on n’entend guère pour ne pas dire pas parler c’est bien celui du déclin des poissons migrateurs d’eau douce. Qui dit poissons migrateurs en voie de disparition dit truites, saumons, esturgeons ou encore anguilles. En cause: les obstacles (barrages, digues et autres retenues d’eau) qui les empêchent de remonter les rivières comme bon leur semble et les privent d’un espace pour pondre leurs œufs. Si certains de ces barrages sont utiles, voire indispensables, 15% d’entre eux, petits et inutilisés, sont devenus obsolètes voire superflus et leur démantèlement est le moyen le plus efficace et le moins onéreux d’atteindre les objectifs de bonne qualité écologique des cours d’eau et de biodiversitė sur le continent. L’Europe s’est engagée à restaurer d’ici 2030, 25 000 km de rivière sans entrave sur son territoire et, à ce titre, cette année a été une année record dans la mesure où 325 barrages ont été démantelés dans 16 pays européens. On se plaît à croire que le banc de poissons esquissé par Pierre Tal-Coat ne sera bientôt plus de l’ordre du rêve mais bien de la réalité.
Si la Polynésie française a toujours été un paradis pour gastéropodes, les populations d’escargots endémiques ont été décimées dans les années 70 après l’introduction par l’homme d’escargots prédateurs originaires de Floride. Une dizaine d’espèces indigènes ont fait l’objet d’opérations de sauvetage et des milliers d’escargots ont été élevés en captivité dans des institutions zoologiques britanniques. Les premières réintroductions dans la nature datent de 2016. Il y a quelques jours, 5000 de ces minuscules créatures sont à nouveau rentrées au bercail et ont été relâchées sur la terre de leurs ancêtres. On ne peut que leur souhaiter, à l’instar des escargots motorisés de l’installation d’Urs Fischer, une “adaptation” rapide à leur nouvel environnement.
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Zoé Schreiber