ÉDITORIAL • 17 JUNE 2023
En début de semaine, ce n’est pas une marée noire mais une marée de poissons morts qui s’est déversée sur les côtes du Golfe du Texas. Une catastrophe naturelle probablement imputable aux conditions climatiques. En effet, il n’y a pas que de ce côté de l’Atlantique que le mercure s’affole, tant s’en faut. Les températures caniculaires et l’absence de vent ont entraîné la hausse de la température de l’eau qui a parfois tutoyé les 26 degrés Celsius. À l’instar des êtres humains, les poissons ont besoin d’oxygène pour survivre. Des études scientifiques montrent que le réchauffement des eaux accroît l’incidence de l’hypoxie (manque d’apport en oxygène) dans la mesure où l’eau chaude contient moins d’oxygène que l’eau froide. Les dizaines de milliers de poissons qui se sont échoués sur les plages sont morts asphyxiés, un phénomène qui n’est pas en soi exceptionnel mais qui, selon les experts, risque de se reproduire de plus en plus souvent… Cette vision apocalyptique contraste avec la vivacité du tournoiement du banc de poisson dépeint par Yayoi Kusama.
Retrouvés sur les plages, des corps sans vie font une nouvelle fois la une de l’actualité. À nouveau drame, nouvelles images et toujours, en filigrane, la tragédie de l’immigration clandestine. Au large de la péninsule du Péloponnèse, une embarcation bondée de migrants a chaviré. Il s’agit de l’un des pires naufrages qu’ait connu la Grèce depuis 2016. Sur les centaines de passagers qui se trouvaient à bord du navire, seule une centaine ont échappé à la noyade et seuls 78 corps ont pu être retrouvés. Un bilan humain provisoire dont l’ampleur frappe les esprits. Les milliers d’offrandes votives métalliques qui tapissent la sculpture de Kalliopi Lemos évoquent non seulement des écailles de poissons mais témoignent aussi des espoirs déçus de ceux qui ne survivent pas à la traversée de la mer Méditerranée.
Restez curieux et bonne lecture!
Zoé Schreiber