ÉDITORIAL • 1 AVRIL 2023
Il y a bientôt 24 ans, un puissant ouragan nommé David s’abattait sur les côtes de Floride. Aujourd’hui, c’est un David d’un tout autre genre qui fait la une. Au cœur de la polémique, la célèbre statue éponyme de Michel-Ange dont la nudité et la virilité ont été qualifiées de “pornographiques” par certains esprits bien-pensants. Une enseignante d’arts plastiques a été contrainte de démissionner pour avoir eu la malencontreuse idée de montrer, dans le cadre de son cours et sans autorisation préalable de la direction, la photo du chef-d’œuvre emblématique de la Renaissance italienne à ses élèves âgés de 11 et 12 ans. La controverse s’inscrit dans un climat politique qui fait prévaloir en Floride le droit de regard des parents sur le contenu des programmes scolaires et qui interdit aux écoles publiques d'enseigner l’éducation sexuelle et de faire référence à l’identité de genre. En appliquant un miroir sur le moulage en plâtre de l’œil de David, Giulio Paoloni nous invite non seulement à nous interroger sur la représentation mais aussi sur comment les œuvres de l’antiquité classique dialoguent avec le présent.
Nouveau coup de tonnerre dans le ciel médiatique outre-Atlantique. Un grand jury d’un tribunal new-yorkais a voté l’inculpation au pénal de l’ancien locataire de la Maison Blanche. Une première historique sans précédent dans la mesure où aucun ancien président ou président en exercice n'a jamais fait l'objet de poursuites pénales aux États-Unis. Celui qui a d’ores et déjà annoncé sa candidature en vue de l’élection présidentielle de 2024 et qui fait la course en tête des primaires républicaines devra, dans les jours à venir, se soumettre au prélèvement de ses empreintes digitales, se faire tirer le portrait comme un prévenu et plaider coupable ou non coupable. La photographie de Thomas Demand rappelle de façon subliminale que nul n’est au-dessus des lois.
Restez curieux et bonne lecture!
Zoé Schreiber