ÉDITORIAL • 8 JULY 2023
La page de la pandémie est bel et bien tournée et, cet été comme l’été dernier, la montée en puissance du tourisme donne le tournis. Apparu en Europe au XIXᵉ siècle, le tourisme est passé d’une pratique culturelle réservée à une élite à un phénomène de masse qui joue un rôle primordial dans l’économie mondiale. Bien qu’il demeure aujourd’hui encore l’apanage des pays les plus développés, le tourisme s’est démocratisé et est devenu un produit de consommation comme un autre. On voyage de plus en plus facilement, de plus en plus loin, pour de moins en moins cher et de nombreuses destinations attirent chaque année des touristes du monde entier. Les méfaits du surtourisme éclipsent parfois les bienfaits du tourisme. Victimes de leur succès, plusieurs villes européennes ont récemment pris des mesures pour tenter de réguler l’afflux touristique et permettre aux visiteurs de profiter pleinement de leur séjour sans nuire à la qualité de vie des résidents locaux. Le tableau de Cornelius Annor rappelle de façon subliminale que pour éviter que l’enfer en voyage ce ne soit les autres, il suffit parfois de s’aventurer hors des sentiers battus.
En Afghanistan, depuis la prise de pouvoir des Talibans il y a deux ans déjà, les droits de la gent féminine continuent à se réduire comme peau de chagrin… Dernier coup de massue en date: d’ici la fin du mois au plus tard, tous les salons de beauté et de coiffure pour femmes seront dans l’obligation de baisser le rideau. Ce nouveau décret acte la disparition de l’un des derniers espaces de liberté et de socialisation. Le plan rapproché de la chevelure dépeint par Domenico Gnoli semble obstruer la vue et suscite dans ce contexte une sensation d’étouffement.
Bel été à vous qui avez pris le large, bel été à vous pour qui l’ailleurs est ici. Restez curieux et bonne lecture!
Zoé Schreiber