ÉDITORIAL • 3 JUNE 2023
Depuis plus de deux décennies, une crise sanitaire sans précédent balaie les États-Unis. Au cœur du scandale, une famille de philanthropes omniprésente dans le monde de l’art et des institutions universitaires et culturelles. Propriétaire du laboratoire Perdue Pharma, la famille Sackler est, depuis quelques années, sous le feu des projecteurs. Elle est en effet accusée d’avoir contribué à l’épidémie d’opïoides en commercialisant, dans les années 1990, un puissant analgésique qu’elle savait extrêmement addictif. À ce jour, l’empire pharmaceutique familial aurait entraîné le décès par overdose de plus de 500 000 personnes et provoqué un raz-de-marée de violence et d’addiction. Après des années de procès, une décision judiciaire vient d’être prise par une cour d’appel fédérale. Elle garantit l’immunité totale aux membres de la famille Sackler en échange d’une augmentation significative du montant à verser aux programmes de traitement et de prévention de la toxicomanie ainsi qu’aux victimes et à leurs familles. Les cachets qui traînent sur le bureau de Nan Goldin rappellent de façon subliminale qu’outre-Atlantique ce sont souvent les prescriptions médicamenteuses d’opïoides qui ont servi de tremplin à l’addiction à des substances illicites.
En adoptant en début de semaine le projet de loi dit du “marquage temporel”, les députés brésiliens viennent non seulement d’infliger un camouflet au président mais aussi aux défenseurs de l’environnement et de la cause indigène. En effet, ledit projet limite les droits des peuples autochtones aux seules terres qu’ils occupaient au moment de la promulgation de la constitution de 1988. S’il est approuvé par le Sénat, il facilitera la privatisation et la déforestation de millions d’hectares de forêt amazonienne. La jeune yanomami photographiée allongée dans l’eau tel un corps inanimé par Claudia Andujar nous permet de prendre la mesure de la lutte pour la survie à laquelle sont contraintes les populations indigènes du Brésil.
Restez curieux et bonne lecture!
Zoé Schreiber