ÉDITORIAL • 15 AVRIL 2023
Moins d’un an après l’invalidation historique par la Cour suprême du droit constitutionnel à l’avortement, nouvel haro sur les droits des femmes à disposer librement de leur corps outre-Atlantique. Au cœur du débat et dans le viseur de la frange la plus conservatrice du parti républicain: la pilule abortive. Un juge fédéral du Texas a en effet suspendu, en fin de semaine dernière, l’autorisation nationale de mise sur le marché de l’une des deux pilules utilisées, depuis plus de vingt ans, pour les avortements médicamenteux de début de grossesse et a interdit par là aux médecins de la prescrire. Le ministère de la Justice et la FDA (l’agence américaine du médicament) ont annoncé dans la foulée faire appel de cette suspension. Une cour d’appel fédérale s’est prononcée en faveur du maintien temporaire de l’autorisation du recours à la pilule abortive avec des restrictions d’accès drastiques. Nouveau rebondissement vendredi: saisie par le président, la Cour suprême a suspendu les restrictions jusqu’en milieu de semaine prochaine. Le bras de fer juridique et médical est loin d’être gagné. L’œuvre de Marilyn Minter met en exergue la volonté patriarcale de “con-trôler” le corps des femmes et la montée en puissance d’une certaine Amérique pour qui les droits acquis par les femmes constituent une menace permanente.
Peut-on encore se fier à tout ce que l’on voit? À l’heure où les images générées par l’intelligence artificielle pullulent sur les réseaux sociaux, la lisière entre le vrai et le faux, l’information et la désinformation, est ténue. Maître du trompe-l’oeil, Liu Bolin camoufle sa silhouette dans ses clichés et nous encourage à nous interroger sur ce que l’on regarde, à scruter les images dans les détails et à chercher l’erreur.
Restez curieux et bonne lecture!
Zoé Schreiber