Un atelier d’artiste et un personnage encagoulé qui, une cigarette allumée à la main, dessine son autoportrait sur une toile posée sur un chevalet.
Le parcours du peintre américain d’origine canadienne Philip Guston (1913-1980) est celui d’un électron libre. Influencé par les fresques des muralistes mexicains à ses débuts, il privilégie ensuite l’abstraction et devient l’un des chantres de l’expressionnisme abstrait avant de scandaliser la scène artistique quand il renoue avec la figuration en 1970. Artiste engagé et militant, ses thématiques personnelles et humanistes s’articulent autour de revendications sociales et de la dénonciation du racisme mais aussi autour de la violence et de la caricature politique. Miroirs et personnages énigmatiques du Ku Klux Klan jalonnent son œuvre. En fin de vie, les formes grossières presque enfantines d’objets usuels (semelles de chaussures cloutées, lits défaits, mégots de cigarettes...), d’immeubles et de paysages urbains inquiétants, de doigts pointés et d’hommes solitaires, flirtent entre le sublime, le sarcasme et le grotesque tout en évoquant l’esthétique de la bande dessinée dont il est grand amateur. « Je ne sais pas ce qu’est une peinture; qui sait ce qui déclenche l’envie même de peindre? Il peut s’agir de choses, de pensées, de souvenirs, de sensations, qui n’ont aucun rapport direct avec la peinture elle-même. (…) C’est une illusion, un numéro de magie. Donc, ce que vous voyez n’est pas ce que vous voyez. »
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