Sanguine/Bloedrood. Luc Tuymans on Baroque, M HKA, Anvers

Dans le cadre du festival Antwerp Baroque 2018. Rubens inspires, qui met à l'honneur l'héritage du peintre éponyme, l'artiste belge Luc Tuymans endosse une nouvelle fois le rôle de commissaire d'exposition et interprète de façon très personnelle l'histoire du baroque d'hier et d'aujourd'hui.

L'exposition qu'il nous propose au Musée d'Art Contemporain d'Anvers (M HKA) s'intitule Sanguine/Bloedrood et s'articule autour de la confrontation d'oeuvres de grands maîtres du baroque (Rubens, Le Caravage, van Dyck, Jordaens et Zurbarán pour ne citer qu'eux) avec celles d'artistes contemporains (On Kawara, Bruce Nauman, Sigmar Polke, Marlene Dumas, Berlinde de Bruyckere, Michaël Borremans, Isa Genzken, Pierre Huyghe, Takashi Murakami entre autres). Le thème de la souffrance traverse l'exposition et la visite constitue une opportunité rare de découvrir les deux oeuvres-phares qui sont la clé de voûte du parcours, à savoir: La Flagellation du Christ du Caravage (1607) et Five Car Stud (1969-1972), son "pendant contemporain" selon Luc Tuymans.

Edward Kienholz and Nancy Reddin Kienholz, Sawdy, 1971, mixed media assemblage, edition 49/50. Image courtesy: Davis Museum at Wellesley College

Edward Kienholz and Nancy Reddin Kienholz, Sawdy, 1971, mixed media assemblage, edition 49/50. Image courtesy: Davis Museum at Wellesley College

Five Car Stud est une installation emblématique du couple d'artistes américains Edward (1927-1994) et Nancy Kienholz (1943-). Le titre fait référence au jeu de poker à cinq cartes (five-card stud). Oeuvre polémique s'il en est, l'installation met en scène la castration d'un homme noir par des suprémacistes blancs dans le Sud des Etats-Unis et dénonce par ce biais la persistance du racisme et de la violence raciale au lendemain de la lutte pour les droits civiques.

Si le tableau du Caravage fait partie de la collection permanente du Musée Capodimonte de Naples en Italie ce n'est que très récemment que Five Car Stud est réapparue dans les circuits d'exposition. Pouvoir s'immerger dans cette oeuvre-clé du début des années 70 en Belgique est un évènement en soi et c'est pourquoi je me focaliserai sur elle dans cet article.

En effet, après avoir été dévoilée à Kassel en Allemagne lors de la Documenta V d'Harald Szeemann en 1972, Five Car Stud est achetée par un collectionneur japonais et "disparaît" pendant près de quarante ans dans un entrepôt. Au cours de cette longue hibernation, Sawdy (1971), une édition de 50 portes de voiture vintage dont les vitres sont remplacées par les photographies en noir et blanc de Five Car Stud, prises par le curateur Walter Hopps, constituait la seule preuve de l'existence de l'installation. Restaurée par Nancy Reddin Kienholz en 2008, Five Car Stud, l'oeuvre majeure du couple, ressurgit et figure dans une poignée d'expositions au LACMA à Los Angeles (2011-2012), au Louisiana Museum of Modern Art au Danemark (2012) et à la Fondazione Prada à Milan (2016-2017), qui l'acquiert pour sa collection permanente. 

Au M HKA, Five Car Stud est présentée dans les conditions d'exposition originales de la Documenta V et ce, pour la première fois depuis. Un dôme noir se dresse sur les 'Gedempte Zuiderdokken', la place qui jouxte l'entrée du musée. Des documents relatant la conception et la réception de Five Car Stud en 1972, figurent dans une des salles du parcours et permettent de contextualiser cette installation troublante. 

Connus pour leurs assemblages sculpturaux et leurs "tableaux" à trois dimensions politiquement engagés, Ed et Nancy Kienholz utilisent des mannequins grandeur nature et des objets trouvés sur les étals de marchés aux puces ou dans les décharges pour créer leurs oeuvres provocatrices. Critiques acerbes de la société américaine, affiliés à la scène artistique de Los Angeles, ils n'hésitent pas à s'attaquer à des sujets sensibles (la guerre, la pédophilie, le sexe, la religion, la violence, le racisme...) et à inclure, voire solliciter la participation du "spectateur", préfigurant ainsi l'avènement d'un type nouveau d'installations théâtrales et immersives.

Five Car Stud reconstitue à la façon d'un gigantesque diorama ou d'un plateau de cinéma, un crime raciste d'une violence extrême (l'émasculation d'un homme noir par des hommes blancs en représailles pour avoir eu des relations avec une femme blanche). "Ma scène est inventée - les réalités complexes de notre société actuelle ne le sont pas," expliquait Ed Kienholz en 1972. Les bourreaux entourent leur victime et portent des masques tout droit sortis d'un film d'horreur tandis que la femme de la victime et l'enfant de l'un des tortionnaires assistent tous deux impuissants à ce scénario d'épouvante... 

Ed and Nancy Kienholz "Five Car Stud" (1969-1972). Image courtesy: M HKA

Ed and Nancy Kienholz "Five Car Stud" (1969-1972). Image courtesy: M HKA

L'espace du dôme, plongé dans la pénombre, est éclairé par les phares de cinq voitures d'époque dont les plaques d'immatriculation portent l'inscription "Brotherhood" en référence au Ku Klux Klan ou "America, love it or leave it", les arbres et les rochers artificiels, la musique country générique qui émane du poste radio d'un des véhicules et le sable fin qui recouvre le sol, complètent ce décor sinistre et terrifiant. Le spectateur fait partie intégrale du dispositif et laisse, sans le vouloir, l'empreinte de ses pas dans le sable... Confronté à cet "arrêt-sur-image", il devient malgré lui un acteur passif et voyeur des évènements tragiques représentés. 

A l'heure des récents débats autour de l'appropriation culturelle aux Etats-Unis (et notamment de la controverse autour du tableau de Dana Schutz lors de la Biennale du Whitney Museum à New York en 2017), Five Car Stud soulève la question de la représentation de l'"autre": qui est le public-cible de l'oeuvre et dans quelle mesure des artistes américains blancs peuvent-ils faire de la dénonciation de la violence raciale le sujet de leur travail? Comment leur vécu influe-t-il sur leur manière de la décrire? En tant que stratégie de dénonciation, la visualisation de la violence est-elle efficace? La mise en scène d'un lynchage ne perpétue-t-elle pas l'imagerie raciste qu'elle est sensée dénoncer?

Plus que toute autre oeuvre contemporaine présentée dans Sanguine/Bloedrood, Five Car Stud "atteint, avec sa représentation de la violence dans la lumière et l'obscurité, un niveau baroque d'intensité et de drame" pour citer Jason Farago, critique d'art du New York Times. Bien que l'installation soit fictive et renvoie à un chapitre sombre et douloureux de l'histoire américaine, force est de constater que les tensions raciales qu'elle dénonce restent d'actualité aujourd'hui avec le regain d'influence des suprémacistes blancs et que Five Car Stud continue de donner matière à réflexion... 

 

Sanguine/Bloedrood. Luc Tuymans on Baroque, M HKA, Leuvenstraat 322000 Anvers, Belgique. Exposition jusqu'au 16 septembre 2018. Dans le cadre du festival culturel Antwerp Baroque 2018. Rubens inspires. Five Car Stud d'Edward Kienholz peut être visité jusqu'au 2 septembre sur les Gedempte Zuiderdokken. L'exposition Sanguine.Bloedrood sera ensuite présentée à la Fondazione Prada à Milan entre octobre 2018 et février 2019.

 

Copyright © 2018, Zoé Schreiber 

Hiroshi Sugimoto, 'Still Life', Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique

Hiroshi Sugimoto - Still Life, vue d'exposition, Musée royaux des Beaux-Arts de Belgique. Photo: Zoé Schreiber

Hiroshi Sugimoto - Still Life, vue d'exposition, Musée royaux des Beaux-Arts de Belgique. Photo: Zoé Schreiber

Après Anish Kapoor et Olafur Eliasson, c’est Hiroshi Sugimoto (1948-) qui est invité à prendre ses quartiers dans l'espace du Château de Versailles à l'automne prochain. Artiste protéiforme, il y présentera ses dernières créations à la croisée de l'art, de l'architecture et du spectacle vivant. En attendant l'exposition de l’une des figures de proue de la photographie japonaise, les curieux peuvent d’ores et déjà redécouvrir ou se familiariser avec son travail dans les deux salles que lui consacrent les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB).

L’exposition intitulée Hiroshi Sugimoto: Still Life met en évidence les liens qui unissent peinture et photographie et présente une quarantaine de photos de l’artiste mises en dialogue avec des œuvres de Primitifs flamands (XVe-XVIe siècles) tant anonymes que plus reconnus comme Théodore Géricault (1791-1824), Paul de Vos (1591-1678) et des membres de l’atelier de Pieter Coecke Van Aelst (1502-1550).

Sugimoto est réputé pour ses clichés de paysages marins (Seascapes) et ceux d'anciennes salles de théâtre reconverties en cinémas (Theaters). L’accrochage que nous propose les MRBAB se concentre sur trois séries moins connues mais tout aussi représentatives de sa démarche: la série des dioramas, celle des portraits de personnages historiques en cire et celle des premiers négatifs du scientifique britannique William Henry Fox Talbot (1800-1877).

Adepte du noir et blanc, l’artiste installe ses photographies dans la durée et développe une réflexion sur la nature et la perception du temps. Ses images à la fois conceptuelles et méditatives explorent comment la photographie permet de saisir l’instant et comment elle permet de questionner le réel.

Les frontières qui séparent l’illusion de la réalité, la fiction du réel et l’instantané du moment à la durée du temps de pose se brouillent entre les mains d’Hiroshi Sugimoto. 

Les œuvres qui ouvrent le parcours font partie de la série des dioramas, œuvre fondatrice qui lança la carrière d’Hiroshi Sugimoto. Le diorama est une reconstruction en trois dimensions d’une scène où, figés derrière une vitre, des animaux empaillés sont replacés dans leur milieu naturel. Les dioramas font leur entrée dans les musées au XIXe siècle et visent, par un effet d’optique, à plonger littéralement le spectateur qui les regarde dans les paysages représentés. En 1974, Sugimoto découvre les dioramas du musée américain d’histoire naturelle de New York. L’aspect artificiel de la mise en scène l’interpelle et, à force de les observer, il lui semble que "l’illusion fonctionnerait mieux à travers l’œil d’un appareil photographique supposé toujours montrer la réalité brute". 

Les images mettent en avant l’intemporalité de la nature et la majesté des animaux: un troupeau de gazelles succède à une horde de vautours, à une famille de condors et à une meute de loups… Présents à la fois dans les tableaux et dans les photos, lions et cerfs semblent migrer d’un cadre à l’autre. De prime abord, le spectateur "croit" aux scènes photographiées, mais, la profondeur de champs, la perspective et le rendu quasi-pictural de certains détails trahissent la nature hyper-composée des mises en scènes. La série des dioramas permet à Hiroshi Sugimoto de tromper le visiteur et de mettre en exergue "les origines mêmes de la photographie [qui, selon lui,] relèvent d’une forme de spectacle qui révèle le monde à partir d’une illusion orchestrée."

Les mêmes observations s’appliquent à la série de photographies de personnages historiques en cire du Musée Tussaud. On y croise Jane Seymour, Ann Boleyn, Catherine d’Aragon, Elisabeth 1er mais aussi Henri VIII, le duc de Wellington et Napoléon Bonaparte. Ces photos entrent en résonance directe avec les collections du MRBAB et corroborent l’assertion d’Hiroshi Sugimoto selon laquelle il "fai[t] de l'authenthique à partir du faux." Là encore, il fige des modèles inertes comme s’il s’agissait d’êtres vivants, posant en chair et en os devant son objectif… L’artiste "remonte le temps" et rend hommage à la peinture flamande en s’inspirant des tenues d’époque, des pauses et de l’éclairage en clair-obscur qui la caractérise. 

Il joue avec les conventions picturales et propose son interprétation de la cène dans une longue frise photographique. Dans l’une des rares compositions en couleur de l’exposition, il photographie une reconstitution de La Leçon de musique (1650-1660) de Johannes Vermeer, un tableau majeur de l’histoire de l’art, et substitue les pieds du chevalet, apparents dans le miroir de l’œuvre originale, par ceux d’un trépied. Ce faisant, il souligne l’effet de profondeur quasi-photographique obtenu par le peintre et évoque aussi l’hypothèse, souvent formulée mais jamais réellement prouvée, selon laquelle Vermeer se serait aidé d’une chambre noire (camera obscura), l’ancêtre de l’appareil photo. 

Hiroshi Sugimoto, The Music Lesson, 1999. Image courtesy: the artist and Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique

Hiroshi Sugimoto, The Music Lesson, 1999. Image courtesy: the artist and Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique

Hiroshi Sugimoto va aux sources de son medium lorsqu’il décide de collectionner et de réaliser des tirages inédits des tous premiers négatifs du pionnier de la photographie, William Henry Fox Talbot. Ce-dernier inventa le procédé du "dessin photogénique" qui permit d’obtenir des images négatives sur du papier. La relecture que l’artiste effectue de ces premières images se décline en couleur sépia et tonalités bleutées et une même aura de mystère plane autour de cette série que dans le plus énigmatique des tableaux anciens… 

Je vous encourage à visiter cette belle exposition même si je dois mettre un bémol à mon enthousiasme. En effet, si une brève notice explicative souligne d’entrée de jeu comment le souci de réalisme des maîtres flamands a influencé la pratique d’Hiroshi Sugimoto, une documentation plus détaillée sur les séries présentées aurait été souhaitable. En outre, les deux documentaires projetés au rez-de-chaussée (la durée de l’un des deux étant de près de 45 mn) portent essentiellement sur les travaux et les sculptures plus récentes de l’artiste.

 

Hiroshi Sugimoto - Still Life, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Rue de la Régence 3, B-1000 Bruxelles, Belgique. Jusqu'au 19 août, dans le cadre du Summer of Photography 2018.

 Copyright © 2018, Zoé Schreiber 

'Unexchangeable', WIELS

Louise Lawler, Every Other Picture, 1990. Cibachrome with text on wall, 101.6 x 134.62 cm. Lhoist Group Collection. Courtesy of the artist and Metro Pictures, New York.

Louise Lawler, Every Other Picture, 1990. Cibachrome with text on wall, 101.6 x 134.62 cm. Lhoist Group Collection. Courtesy of the artist and Metro Pictures, New York.

L’exposition intitulée Unexchangeable (Inéchangeable) attire l’attention du public sur les lacunes des collections muséales belges en nous faisant découvrir la qualité, l'audace et l’éclectisme des collections privées du royaume. 

A l’instar de la Centrale Electrique qui a mis à l’honneur les collectionneurs bruxellois dans son exposition Private Choices cette année et de l’exposition Passions secrètes consacrée aux collectionneurs de la région de Courtrai et montrée au Tripostal à Lille en 2014, le WIELS a invité une trentaine de collectionneurs belges à prêter leurs œuvres et se démarque en nous proposant une réflexion sur la notion de "valeur" appliquée à l’art contemporain.

Unexchangeable part du postulat que si art et argent sont intimement liés, les œuvres ne peuvent être réduites à leur seule valeur marchande et questionne le rapport entre la valeur de l’œuvre d’art et le marché de l’art. Souvent acquises quand les artistes n’étaient pas encore des stars de l’art contemporain, les plus de 70 œuvres exposées corroborent l’explication du commissaire de l’exposition, Dirk Snauwaert, selon qui ce sont “le plaisir visuel, la stimulation intellectuelle, l’appréciation sensorielle et la distinction sociale” qui guident le choix des collectionneurs et les poussent à collectionner par goût plutôt que par appât du gain.

L'année 1989 sert de tremplin à l'accrochage. 1989, année charnière s’il en est, a non seulement vu la répression de la manifestation démocratique place Tian’anmen à Pekin, la chute du mur de Berlin, la fin de la guerre froide et de l’apartheid mais aussi le refus de l’ethnocentrisme à l’ère de la globalisation, l’ouverture de l’art sur le monde et sa financiarisation... L’exposition offre un aperçu du paysage artistique de l’époque et porte un regard sur la spécificité des artistes des années 80-90. Les plasticiens repris sont principalement européens et américains et les œuvres proposées analysent souvent ce qui permet à l’art d’être art. La démarche artistique et le cheminement intellectuel priment sur la réalisation et, de ce fait, l’œuvre d’art proprement dite a tendance à "s’effacer". 

Plusieurs mediums (la photographie, la peinture, la sculpture et l’installation) figurent dans l’exposition. Certaines œuvres sont lisibles, d’autres, plus conceptuelles, requièrent plus de contextualisation afin d’être mieux comprises et je vous encourage vivement à vous référer aux explications fournies dans le livret d’exposition.

Dans la première salle, Le marchand (Händler, 2001) de Katarina Fritsch, une sculpture à taille humaine rouge carmin, et une photographie de Richard Prince, issue de sa série d’"appropriations" d’images iconiques de cowboys trouvées sur des paquets de cigarettes Marlboro, servent de mise en bouche. Ces deux œuvres font respectivement allusion aux questions épineuses de la commercialisation de l’art et de la place accordée à l’originalité dans le processus créatif.

Unexchangeable WIELS 2018, vue d'exposition. Photo: Zoé Schreiber

Unexchangeable WIELS 2018, vue d'exposition. Photo: Zoé Schreiber

L’artiste conceptuelle Louise Lawler documente quant à elle la "seconde vie" des œuvres lorsqu’elles quittent l’atelier de l’artiste ou les espaces d’exposition et montre comment l’accrochage et l’environnement dans lequel les œuvres sont présentées impactent notre façon de les appréhender. La photo exposée (Monogram, 1984) est celle d’un drapeau américain de Jasper Johns accroché dans la chambre d’un collectionneur. Plus avant, on peut s’immerger dans l’installation Thrift Store Paintings (1970-…) où Jim Shaw met en scène sa collection de tableaux de peintres amateurs chinée dans des brocantes ou sur eBay et interroge par là-même la légitimité du jugement esthétique établi par l’histoire de l’art.

Nombre d’artistes belges sont représentés (Ann Veronica Janssen, Lili Dujourie, Thierry De Cordier, Guillaume Bijl, Francis Alÿs...) et hommage est rendu à Jef Geys et Jan Vercruysse qui nous ont tous deux quittés cette année. Si les plasticiens du royaume figurent en bonne place, l’accrochage est loin de se cantonner aux frontières nationales et le parcours offre au regard des œuvres des américains Matt Mullican, Jimmie Durham ou Jean-Michel Basquiat, du canadien Jeff Wall, du mexicain Gabriel Orozco, de l’autrichien Franz West ou encore des congolais Chéri Samba et Bodys Isek Kingelez... 

Des œuvres emblématiques de Haim Steinbach, Robert Gober, Felix Gonzalez-Torres, Nan Goldin en côtoient d’autres plus surprenantes, rarement (voir jamais) montrées pour certaines... Lesdites oeuvres témoignent à la fois de la diversité et de l’évolution des pratiques des artistes concernés mais aussi du caractère individuel et subjectif des choix des collectionneurs.

Robert Gobert et Felix Gonzalez Torres, Unexchangeable, WIELS, vue d'exposition. Photo: Zoé Schreiber

Robert Gobert et Felix Gonzalez Torres, Unexchangeable, WIELS, vue d'exposition. Photo: Zoé Schreiber

La salle qui regroupe une demi-douzaine de créations de David Hammons a constitué le temps fort de ma visite. Inspiré par les readymade de Duchamp et par l’Arte Povera, l’artiste afro-américain élève au rang d’objet d’art ses assemblages de détritus et de matériaux recyclés (matelas, bouteilles de whiskey, soutane...) et fait du hasard de ses récupérations le terreau de son travail.

Dans le sillage de l’exposition Le Musée Absent au printemps dernier et à l’heure de l’inauguration du Kanal-Centre Pompidou, le WIELS poursuit sa réflexion sur le futur musée d’art contemporain de Bruxelles et démontre brillamment les opportunités que pourraient présenter les partenariats culturels entre musées publics et collections privées.

 

'Unexchangeable', WIELS, Centre d'Art Contemporain, Avenue Van Volxem 354, B-1190 Bruxelles, Belgique. Jusqu'au 12 août 2018. 

Copyright © 2018, Zoé Schreiber