Robert Mapplethorpe, Galerie Xavier Hufkens

Robert Mapplethorpe, Self Portrait, silver gelatin print, 40.6 x 50.8cm, 1983. © Robert Mapplethorpe Foundation. Image courtesy: Galerie Xavier Hufkens.

Robert Mapplethorpe, Self Portrait, silver gelatin print, 40.6 x 50.8cm, 1983. © Robert Mapplethorpe Foundation. Image courtesy: Galerie Xavier Hufkens.

L’exposition éponyme Robert Mapplethorpe à la galerie Xavier Hufkens met en avant l’esthétique hautement stylisée du sulfureux photographe américain (1946-1989).

La quarantaine de clichés en noir et blanc retrace les différentes facettes de son parcours et est représentative du travail de ce maître de la photographie d'art. Les tirages argentiques au format carré sont accrochés en plusieurs séquences sans souci de chronologie ou de regroupement thématique et font écho au credo de l'artiste qui ne voyait pas de différence entre une fleur, un sexe ou un portrait... Les portraits de célébrités, d'amis, d'amants côtoient par voie de conséquence les clichés sado-masochistes et homoérotiques et les photos de fleurs et de natures mortes.

Robert Mapplethorpe, Galerie Xavier Hufkens, exhibition view. Image courtesy: Galerie Xavier Hufkens. Photo credit: Allard Bovenberg

Robert Mapplethorpe, Galerie Xavier Hufkens, exhibition view. Image courtesy: Galerie Xavier Hufkens. Photo credit: Allard Bovenberg

Dans un style précis et épuré, les œuvres présentées témoignent de la vie et de la nuit new-yorkaise des années 70-80. C'est dans "la ville qui ne dort jamais" qu'il rencontre sa muse et amie, la chanteuse Patti Smith et les principaux acteurs de la scène artistique et de l'underground gay de l'époque dont il tire le portrait à satiété. Sur les murs de la galerie, Patti Smith, 1986 croise le jeune Arnold Schwarzenegger, 1976, la championne du monde de culturisme Lisa Lyon, 1981, l’actrice Kathleen Turner, 1982, mais aussi le collectionneur Sam Wagstaff, 1978, mécène et amant de Mapplethorpe.

Robert Mapplethorpe, Galerie Xavier Hufkens, exhibition view. Image courtesy: Galerie Xavier Hufkens. Photo credit: Allard Bovenberg

Robert Mapplethorpe, Galerie Xavier Hufkens, exhibition view. Image courtesy: Galerie Xavier Hufkens. Photo credit: Allard Bovenberg

Les fleurs et les portraits figurent en bonne place tout comme les corps et les nus masculins dont la sensualité est mise en exergue. Photographiés en "plans resserrés" dans certaines des séquences, sexes, fesses, tétons, bustes et visages sont capturés par son objectif. L'exposition permet de rappeler, si besoin est, qu'en esthète, Robert Mapplethorpe s'attelait à exprimer sa vision de la beauté dans ses compositions. Comme il l'expliquait: "je recherche en permanence la perfection dans les formes. Je le fais avec les portraits. Je le fais avec les bites. Je le fais avec les fleurs."

Robert Mapplethorpe, Galerie Xavier Hufkens, exhibition view. Image courtesy: Galerie Xavier Hufkens. Photo credit: Allard Bovenberg

Robert Mapplethorpe, Galerie Xavier Hufkens, exhibition view. Image courtesy: Galerie Xavier Hufkens. Photo credit: Allard Bovenberg

Certaines des photographies remettent en mémoire les controverses que l'oeuvre de l'artiste a suscité. Robert Mapplethorpe a été l'un des premiers à avoir fait du corps de l’homme noir un sujet photographique à part entière et a inspiré d'autres artistes tels que son contemporain, le photographe britannique d'origine nigérianne Rotimi Fani-Kayode (1955-1989), pour ne citer que lui. Photographié souvent dévêtu, le sexe apparent, voire en érection, d'aucuns lui on reproché d'objectifier le corps masculin noir et de perpétuer ainsi l'iconographie raciste... Dans son installation intitulée Notes on the Margin of the Black Book (1991-93), l’artiste afro-américain Glenn Ligon établit un dialogue entre les photographies de Mapplethorpe, tirées du Black Book (1986), et les écrits d’intellectuels, de journalistes et de politiciens ayant commenté les photos en question.

En outre, le caractère explicite et érotique de certains de ses clichés a cristallisé dès 1989 les polémiques qui ont agité la société américaine ("Culture Wars"), certains sénateurs conservateurs et autres représentants de la classe politique appelant à la censure estimant que "cet art dégénéré" ne devait en aucun cas figurer dans des établissements bénéficiant de subventions publiques.

La scénographie de l'exposition est sobre et le visiteur peut s'imprégner de l'univers artistique de Robert Mapplethorpe, où beauté plastique rime avec érotisme. Pour celles et ceux désireux de continuer à explorer son œuvre, notons que jusqu'au 27 Août prochain le Kunstal Rotterdam lui rend hommage dans Robert Mapplethorpe : A Perfectionist, une rétrospective co-organisée en collaboration avec le musée d'art du comté de Los Angeles (LACMA) et le musée J. Paul Getty.

 

Robert Mapplethorpe, Galerie Xavier Hufkens, rue St-Georges 6, B-1050, Bruxelles, Belgique. Jusqu'au 20 juillet 2017.
 

Robert Mapplethorpe: A Perfectionist, Kunsthal Rotterdam, Westzeedijk 341, 3015 AA Rotterdam, Pays-Bas. Jusqu'au 27 Août 2017.

Copyright © 2017, Zoé Schreiber