« Si une histoire revient vous hanter, elle mérite qu'on s'y intéresse » — Colson Whitehead
Artiste emblématique de sa génération, l’américaine Kara Walker (1969-) dresse une fresque historique habitée par l’esclavage et le spectre de la violence. Ses installations monumentales la propulsent sur le devant de la scène artistique internationale dès 1994. Elle s’empare d’un médium traditionnel (le découpage de silhouettes en papier) et le détourne pour explorer les recoins les plus sombres de l’histoire américaine. De loin, ses saynètes pastorales faussement naïves rappellent un conte enfantin et ce n’est que lorsque l’on se rapproche que l’on se rend compte qu’elles racontent l’horreur et fourmillent de détails cauchemardesques. Sans concession, ses films d’animation, ses sculptures, ses monuments publics et ses dessins lui permettent eux aussi de mettre en lumière les racines du mal et de critiquer l’héritage tragique et pernicieux de l’esclavage et de la suprématie blanche. En confrontant le visiteur à ce passé refoulé qui peine à passer, elle l’amène à s’interroger sur le poids des stéréotypes, sur le racisme et sur le sexisme qui gangrènent aujourd’hui encore la société américaine. « Ces archétypes menacent-ils l’histoire ? Ils sont censés ouvrir la conversation, mais ils la réduisent souvent, » explique-t-elle.
Copyright © 2021, Zoé Schreiber
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