On se plaît à imaginer que les deux femmes masquées qui minaudent côte-à-côte sur le canapé s’amusent à se faire peur…
Les portraits au masque sont le fruit de la collaboration entre le dessinateur américain Saul Steinberg (1914-1999) et sa compatriote, la photo-journaliste Inge Morath (1933-2002). De 1959 à 1963, ils mettent au diapason leurs pratiques respectives. Ils recrutent et font défiler devant l’objectif d’Inge Morath, leurs amis et connaissances, parés de masques que Saul Steinberg créent à l'aide de boites en carton et de sacs en papier. Au confluent entre l’illustration et la caricature, il imagine une kyrielle de personnages qu’il dessine de son trait à la fois incisif et ludique. Mis en scène dans des appartements new-yorkais et photographiés de façon frontale, les protagonistes qui peuplent la série sont autant d’archétypes de la société américaine de l’époque…Pour le citer, « le masque protège du dévoilement… Dans une société organisée, les émotions sont de nature antisociale et on les associe à diverses formes de folie. Seules sont autorisées les formes les moins menaçantes”.
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