Communiqué de presse de l’exposition ‘Shaping Light - curated by Albert Baronian’ à la Fondation CAB (Bruxelles)
Pour commémorer les 45 ans d'existence de sa galerie, Albert Baronian a le plaisir de vous présenter, à la Fondation CAB, une exposition collective autour du thème du néon.
Intitulée Shaping Light et organisée dans le cadre du programme de collaboration de la Fondation CAB, l’exposition illustre comment la dizaine d’artistes conviés s’est emparée du néon pour donner forme à la lumière, pour la dessiner, la sculpter et reconfigurer l’espace. Subjectif et non-exhaustif, le parcours confronte des oeuvres historiques avec les propositions d'artistes qui utilisent ce médium séduisant dans certains aspects de leur pratique.
A l’origine cantonnés aux panneaux publicitaires, le néon et les tubes luminescents font aujourd’hui partie intégrante de l’espace urbain et de la psyché contemporaine et permettent aux plasticiens de mettre en avant leurs démarches tant spatiales, conceptuelles, linguistiques, abstraites que figuratives ou engagées.
Détournés de leur fonction signalétique originelle, le néon et les tubes luminescents s’imposent dans l’art à partir de 1960. Les artistes minimalistes et conceptuels se les approprient, les utilisent comme véhicule de recherches esthétiques et élargissent ainsi le champ traditionnel de l’art. Le néon devient l’un des supports de leur réflexion sur le statut de l’œuvre d’art et sa dématérialisation.
La pulsation de la lumière permet à Dan Flavin et à François Morellet de transformer notre perception de l’espace et de l’architecture. Leurs abstractions géométriques mobilisent l’éclairage brut qui, d’élément scénographique, devient objet sculptural.
Utilisés en "ready-made", tels qu’ils sont manufacturés, les tubes fluorescents industriels de Dan Flavin ne se cantonnent plus au simple éclairage de surfaces commerciales ou d’usines: installés in situ, les tubes au rendu de couleur rose, jaune, rouge, blanche, bleue ou verte envahissent l’espace et entourent le spectateur d’un halo quasi mystique.
Mathématicien de formation, François Morellet place la répétition de motifs géométriques (lignes, cercles, carrés) au centre de son travail et élabore ses compositions à la fois graphiques et dépouillées selon un protocole rigoureux rejetant toute subjectivité.
Mario Merz, figure de proue du mouvement italien Arte Povera, s’empare également du matériau dit "pauvre" qu’est le néon pour l’intégrer dans ses sculptures et installations: il électrifie le revers d’une veste et retranscrit une suite de nombres (la suite de Fibonacci) dont les chiffres éclairent les parois d’igloos.
Le néon imite la souplesse d'un trait de pinceau chez Keith Sonnier qui se distingue de ses contemporains en associant tissus, objets trouvés et autres matériaux de récupération à ses installations lumineuses sensuelles et colorées. L’incorporation de panneaux métalliques ou en verre lui permet de moduler la lumière, de la réfléchir ou de la réfracter.
Pour d’autres artistes, le néon des slogans publicitaires redevient bavard: il nous interpelle mais au lieu de nous inciter à consommer, devient le terrain de jeu privilégié d’artistes conceptuels comme Joseph Kosuth et Bruce Nauman.
Joseph Kosuth brouille les pistes entre le mot et l’énoncé, le signifié et le signifiant, la forme et le texte. Ce que l’on voit et ce qui est énoncé forme un ensemble. Bruce Nauman manipule lui aussi le langage. Le clignotement du néon fait danser et anime lettres et personnages dans une partition toute en couleur.
Le tube lumineux se tord et offre aux artistes qui le façonnent la possibilité de tracer des lignes scintillantes qui se déploient, entre dessin et sculpture, dans l’espace d’exposition ou à même un mur. D’onde insaisissable et immatérielle, la lumière devient substance malléable.
D’aucuns lui font "dire" des pensées plus personnelles ou intimes, les murs sont exploités à la manière d’une page où défilent des phrases. Puisqu’il s’agit d’écriture, la typographie devient un élément déterminant. Les courbes tracées imitent la graphie de l’artiste chez Tracey Emin, Mekhitar Garabedian et Marie José Burki. Les artistes utilisent le néon pour se raconter, pour citer ou attirer notre attention sur la poésie de certains mots.
Abstraits de prime abord, les néons de David Brognon & Stéphanie Rollin s’inspirent de la chiromancie et reproduisent le tracé de la ligne de vie de toxicomanes et celui de la ligne de cœur de personnes mariées de force. Le duo d’artistes exploite lui aussi la malléabilité de la lumière.
Alain Séchas quant à lui choisit de donner la priorité au dessin, son medium de prédilection. Il harponne notre regard avec le néon de son avatar félin, "décalé" et espiègle, de la Marilyn (Monroe).
La lumière, naturelle ou artificielle, est intimement liée à l’art. Comme en témoigne son omniprésence sur les foires d’art contemporain, la lumière électrique est "branchée" mais aussi incontournable et permet aux artistes de donner libre cours à leur créativité.
Shaping Light - curated by Albert Baronian: David Brognon & Stéphanie Rollin, Marie José Burki, Tracey Emin, Dan Flavin, Mekhitar Garabedian, Joseph Kosuth, Mario Merz, François Morellet, Bruce Nauman, Alain Séchas, Keith Sonnier. Fondation CAB, 32-34 rue Borrens, B-1050, Bruxelles, Belgique. Jusqu’au 15 décembre 2018. Ouvert du mercredi au samedi (14-18h), entrée gratuite.
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